Le Parti des peuples africains de Côte d'Ivoire (PPA-CI) a désormais un représentant au sein de la Commission électorale indépendante (CEI) en la personne de Demba Traoré, porte-parole dudit parti, nommé par décret présidentiel en date du 15 février 2023. En accédant à la requête du parti de l'ancien président, Laurent Gbagbo, le président ivoirien, Alassane Ouattara, s'inscrit dans une dynamique de doter son pays d'une Commission électorale consensuelle. Et c'est tout à son honneur. Mais cette nomination du représentant du PPA-CI au sein de la CEI, suffit-elle à garantir une élection apaisée en Côte d'Ivoire ?
Rien n'est moins sûr. On est d'autant plus sceptique que le fond du problème semble demeurer puisqu'on enregistre également l'entrée d'un nouveau membre du parti au pouvoir, Dan Jules Démonsthène. Tant que le déséquilibre dans la composition de la CEI en faveur du pouvoir, ne sera pas entièrement corrigé, il sera difficile de crier victoire. Mais d'ores et déjà, il faut saluer la disposition d'esprit du président Ouattara, à œuvrer à réduire les griefs formulés contre l'instance chargée d'organiser les élections. Comme le dit l'adage, " mieux vaut prévenir que guérir ". A quelques mois de la tenue des élections municipales et régionales en Côte d'Ivoire, mieux vaut avoir une CEI plus ou moins consensuelle qu'une CEI crisogène. Car, malgré l'embellie économique dont se prévalent les dirigeants ivoiriens, force est de constater que les plaies béantes consécutives à la crise post-électorale de 2010-2011, ne se sont pas totalement cicatrisées. Il ne faut donc pas en rajouter.
L'ensemble des acteurs politiques ivoiriens devrait se résoudre enfin à œuvrer davantage pour la réconciliation et la paix
Et vu sous cet angle, l'on peut, sans risque de se tromper, dire qu'au-delà des calculs politiciens, la nomination de Demba Traoré obéit à une volonté de défricher encore plus le vaste champ de la réconciliation qui reste l'une des taches noires dans la gouvernance de Alassane Ouattara. Cela dit, si le PPA-CI qui a longtemps boycotté la CEI, a finalement accepté d'y siéger, c'est sans doute parce qu'il a compris l'impérieuse nécessité de préserver la paix en Eburnie. Et c'est tant mieux si c'est le cas. En tout état de cause, il n'est dans l'intérêt d'aucune des parties, d'aller à des joutes électorales dans un climat tendu. Pourvu donc que l'entrée du PPA-CI à la CEI, participe à la décrispation du climat socio-politique ivoirien.
C'est pourquoi l'ensemble des acteurs politiques ivoiriens devrait se résoudre enfin à œuvrer davantage pour la réconciliation et la paix. C'est d'autant plus important que le tout n'est pas d'avoir une commission électorale consensuelle. L'histoire politique de la Côte d'Ivoire nous enseigne que le plus important, c'est l'acceptation des résultats des urnes. Autant dire que c'est moins une question de composition de la CEI, que la bonne foi des acteurs qui compte. C'est pourquoi chaque acteur politique qui siégera au sein de la CEI, doit avoir à l'esprit qu'il a l'obligation d'œuvrer dans l'intérêt de la Côte d'Ivoire et non dans celui du parti qu'il représente. C'est vrai que c'est plus facile à dire qu'à faire mais si l'on veut éviter une autre crise post électorale en Côte d'Ivoire, il n'y pas trente-six solutions.
C'est en cela qu'il faut, tout en félicitant les têtes de gondole de la classe politique ivoirienne, pour les différents compromis réalisés dans le sens de renforcer le tissu social, les interpeller sur leurs responsabilités. A défaut de se retirer de la scène politique ivoirienne, le Sphinx de Daoukro, Henri Konan Bédié, le Christ de Mama, Laurent Gbagbo et le fils de Dimbokro, Alassane Dramane Ouattara, ne doivent plus, au nom de leurs intérêts personnels, faire couler le sang ou les larmes de leurs compatriotes. Ils doivent travailler à léguer une Côte d'Ivoire apaisée et prospère, aux générations futures. Et cela commence par l'organisation apaisée des élections générales en fin d'année.