De nouvelles sanctions ont été annoncées samedi 25 février par l'Union européenne contre le groupe russe Wagner pour ses activités en Centrafrique, au Soudan et au Mali où il s'est rendu coupable de « violations des droits humains », selon le Conseil européen. Au total, onze personnes et sept entités liées au groupe paramilitaire russe voient leurs noms apparaître sur une liste noire européenne. Ces sanctions viennent s'ajouter à d'autres déjà prises en 2021 par l'UE. Avec ces nouvelles mesures, l'UE affiche clairement son intention de vouloir lutter contre l'influence militaire, politique, économique et médiatique de Wagner en Afrique.
Ces sanctions ont été décidées " au vu de la dimension internationale et de la gravité des activités du groupe, ainsi que de son impact déstabilisateur sur les pays où il est actif ", dit le Conseil européen.
Il y a d'abord l'idée de freiner les capacités opérationnelles d'une milice privée devenue incontournable en Afrique. Les sanctions visent des responsables de premier plan du groupe Wagner, note notre correspondant à Bruxelles, Jean-Jacques Héry.
Au Mali, le chef de la milice dans le pays, est par exemple épinglé. Le Mali où, selon le Conseil européen, " les mercenaires de Wagner ont été impliqués dans des actes de violence et de multiples violations des droits humains ". En Centrafrique sont visés Vitalii Perfilev, considéré comme le conseiller sécurité du président Touadéra, ou encore Konstantin Pikalov, vu comme le responsable des activités opérationnelles du groupe dans le pays et sur le continent. Pour ces hauts responsables visés, Bruxelles a annoncé un gel des avoirs et une interdiction de voyager dans l'Union européenne.
Les avoirs gelés au sein de l'UE
Et puis, il s'agit aussi de s'attaquer aux capacités et aux sources de financement du groupe. Car si des entreprises opérant en Afrique (comme Meroe Gold et M-Invest au Soudan, Lobaye Invest Sarlu et Diamville en Centrafrique) sont également touchées par ces nouvelles sanctions européennes, c'est parce qu'elles sont accusées de servir de couverture à Wagner pour le trafic et le commerce illégal d'or et de diamants, notamment au Soudan et en Centrafrique.
Enfin, il s'agit également de lutter contre l'influence médiatique grandissante de Wagner en Afrique. Une radio locale centrafricaine, Lengo Sengo, accusée d'influence pro-russe et de manipuler l'opinion publique, voit ainsi son nom apparaître sur la liste noire de l'UE. En parallèle, selon le Conseil européen, les responsables de campagnes de propagande du groupe sont aussi visés.
Toutes les entreprises et entités citées voient leurs avoirs gelés au sein de l'UE et ont interdiction de commercer avec une entreprise européenne. Même chose pour les personnes individuelles qui se voient en plus frappées d'une interdiction de transit et d'entrée sur le territoire européen.
Ces mesures concernent aussi les activités ukrainiennes du groupe Wagner. Deux commandants du groupe, présents et combattant sur le terrain de guerre, se voient également sanctionnés.
Josep Borrel, le haut représentant européen pour les Affaires étrangères, a estimé que Wagner était une " menace " pour les populations et aussi pour l'Union européenne. " Nous défendrons les droits humains partout dans le monde ", a-t-il ajouté.