Afrique Centrale: Washington envisagerait de chasser Wagner de la RCA

27 Février 2023

L'information a été publiée par le quotidien français Le Monde qui affirme que Washington aurait proposé aux autorités de Bangui de former l'armée centrafricaine. Mais à condition que Wagner se retire du pays.

Plusieurs experts affirment que lors du dernier sommet USA-Afrique, Washington aurait exprimé ses inquiétudes dans un mémorandum adressé au président centrafricain Faustin-Archange Touadéra concernant les activités du groupe Wagner dans ce pays.

Une information confirmée par Fidèle Gouandjika, le ministre conseiller du président Touadéra, qui ne dissimule pas l'irritation du gouvernement centrafricain.

"Le président de la République a reçu des mains du président des Etats-Unis un mémorandum. Et ça, tout le gouvernement le sait, nous le savons. Nous avons un accord de défense avec la Russie et aucun pays au monde, qu'ils soient première puissance mondiale, deuxième ou troisième puissance mondiale, ne peut venir nous dire : Eloignez-vous de ce pays. Non, les Etats-Unis, c'est une première puissance économique. La Russie, c'est une première puissance militaire ."

Les Etats-Unis, par cette nouvelle initiative, pourraient donc avoir décidé de barrer la route à l'expansion du groupe de mercenaires Wagner.

Celui-ci est notamment soupçonné de soutenir des groupes armés qui opèrent au Soudan et au Tchad, selon Thierry Vircoulon, chercheur associé au Centre Afrique Subsaharienne de l'Ifri.

"Par exemple, au Soudan, récemment, on a vu qu'il y a des membres d'une société qui est une filiale du groupe Wagner, qui s'appelle Meroe Gold, qui ont été arrêtés par les autorités. On a vu également que les Etats-Unis disaient que le groupe Wagner menaçait la sécurité du Tchad. Donc, il y a beaucoup d'indices qui montrent qu'il y a une grande attention sur ce groupe dans cette région, entre le Soudan, le Tchad et la Centrafrique."

Les Etats-Unis pourront-ils alors convaincre Bangui ?

Pour l'ex-député centrafricain, Jean pierre Mara, le président Faustin-Archange Touadéra est allé trop loin avec les Russes pour faire marche arrière.

"Il est allé trop loin avec la mafia russe. Donc c'est un mercenariat d'Etat. Ils sont établis, ils ont utilisé la République centrafricaine comme un laboratoire et donc ils savent comment ils le soutiennent. Parce qu'ils ont travaillé avec les rebelles d'Ali Darassa et avec d'autres rebelles. Donc les mercenaires russes ont travaillé avec les mercenaires locaux pour occuper les endroits stratégiques, les mines notamment, et leur ancrage est là. Ils ont un pouvoir sur les autorités locales, c'est-à-dire les préfets, les sous-préfets, les maires."

L'autre difficulté à laquelle est confronté le président Touadéra, c'est la grogne au sein de l'armée centrafricaine qui accuse les mercenaires russes de violation des droits humains.

Des violences dont seraient victimes les soldats centrafricains eux-mêmes dans les zones des mines d'or et de diamant du pays.

Cette grogne au sein de l'armée pourrait menacer Faustin-Archange Touadéra qui n'aurait d'autre choix, pour assurer sa propre sécurité, que de s'en remettre exclusivement aux mercenaires de Wagner.

D'ailleurs, ceux-ci assurent déjà sa garde rapprochée depuis des années.

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