Nigeria: Contestation électorale - Abuja retient son souffle

Président sortant Muhammadu Buhari, à gauche, et Asiwaju Bola Ahmed Tinubu (dossier photo).
28 Février 2023
analyse

72 heures après la présidentielle du 25 février dernier, la tension est montée de plusieurs crans au Nigeria. En effet, alors que le dépouillement et le décompte des voix se poursuivent et que les uns et les autres piaffent d'impatience de connaître le nom du successeur de Muhammadu Buhari, l'opposition a jeté un pavé dans la mare électorale en exigeant l'annulation du scrutin.

Preuve, s'il en est, qu'avant même qu'ils ne soient rendus publics, les résultats de la présidentielle du week-end écoulé, font déjà l'objet de contestations.

C'est le scénario que les uns et les autres redoutaient, qui est en train de se profiler à l'horizon, c'est-à-dire une contestation par la rue, des résultats de la présidentielle avec tout ce que cela comporte comme risques dans un pays comme le Nigeria où la violence a pignon sur rue.

C'est dire si le Nigeria retient son souffle. Certes, les partis des deux principaux candidats de l'opposition qui demandent l'annulation du scrutin, ont sans doute leurs raisons. Mais pourquoi le faire en pleine compilation des résultats ? A moins que sentant la cause perdue, ils aient pris les devants en criant à la fraude électorale en vue de préparer les esprits à la défaite.

Auquel cas, Atiku Abubakar et Peter Obi, puisque c'est d'eux qu'il s'agit, jouent les mauvais perdants. Car, la Commission électorale indépendante (INEC) dont ils demandent au passage la démission du président, n'est pas habilitée à annuler un scrutin.

Ce sont les instances judiciaires, sur la base des preuves qu'apportent les plaignants, qui peuvent décider de valider ou d'invalider un scrutin.

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Atiku Abubakar et Peter Obi gagneraient à changer leur fusil d'épaule

Et ces dernières ne peuvent être saisies qu'après la proclamation des résultats provisoires. En tout cas, la démarche des deux principaux candidats de l'opposition pèche par son caractère singulier et inélégant dans un Etat de droit où il existe des voies de recours légales pour se faire entendre.

Et généralement, dans les pays anglophones, contrairement aux pays francophones, la Justice est connue pour être à cheval sur les principes si fait qu'elle n'hésite pas, au cas où elle est saisie et pour autant que les faits de fraude soient avérés, à prononcer l'invalidation d'un scrutin.

Pour toutes ces raisons, Atiku Abubakar et Peter Obi, pour autant qu'ils veulent se montrer républicains, gagneraient à changer leur fusil d'épaule pour éviter que le Nigeria ne sombre dans un nouveau cycle de violences.

Toute chose qui ferait l'affaire des insurgés islamistes de Boko Haram qui, on l'imagine, scrutent avec attention, l'évolution de la situation sociopolitique dans le pays, et ne rateraient pas la moindre occasion pour se signaler de la pire des manières.

Déjà que les pays du Sahel, à savoir le Burkina, le Mali et le Niger sont en proie à une grave crise sécuritaire liée au terrorisme, une éventuelle déstabilisation du Nigeria plongerait toute la région ouest-africaine dans un chaos généralisé.

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