Les panélistes d'un événement organisé par la Banque africaine de développement ont souligné l'importance d'inclure les résidents des zones rurales dans les initiatives visant à améliorer l'accès à l'eau et aux services d'assainissement, même dans un contexte économique difficile.

La session, intitulée " Maximiser le potentiel du secteur privé dans le secteur de l'eau et de l'assainissement en Afrique pour atteindre l'objectif de développement durable n°6 ", s'est tenue mercredi en marge du 21e Congrès international de l'Association africaine de l'eau et de la 7e Conférence sur la gestion des boues de vidange à Abidjan, en Côte d'Ivoire.

La discussion était animée par Jeanne Astrid Fouegue-Ngako de Foki, cheffe de la Division de la coordination et des partenariats pour l'eau de la Banque africaine de développement, qui a habilement guidé les participants à travers un large éventail de sujets et d'idées.

L'objectif de développement durable n°6 vise à assurer la disponibilité et la gestion durable de l'eau et de l'assainissement pour tous. Les panélistes, représentant les secteurs public et privé ainsi que la société civile, ont appelé à une revue complète des politiques nationales de l'eau et à une approche qui distingue les multinationales des petites et micro-entreprises.

Le directeur national adjoint de l'Hydraulique du Mali, Djoouro Bocoum, a souligné les disparités dans la prestation de services entre les zones urbaines et rurales, appelant la Banque africaine de développement à aider à surmonter cette inégalité. Thierry Barbotte, président d'Odial Solutions, a fait écho à ces propos. Il a déclaré que les entreprises étaient contraintes de trouver un équilibre entre la rentabilité et le service aux utilisateurs finaux, mais a souligné que les zones rurales avaient également besoin d'infrastructures pour l'eau et l'assainissement. M. Barbotte a averti que les investissements dans les zones rurales pourraient prendre jusqu'à cinq ans pour générer des bénéfices et a suggéré qu'un système soit développé pour permettre aux entreprises d'absorber les pertes subies durant cette période.

Basile Ebah, président du conseil d'administration de la SODECI, la Société de distribution d'eau de Côte d'Ivoire, a ouvert la session par une présentation de l'entité aujourd'hui privatisée et du rôle que son partenariat avec la société française Eranove a joué dans son développement. M. Ebah a indiqué que l'ancien président Félix Houphouët-Boigny a joué un rôle déterminant dans la conclusion de cette alliance, qui visait à consolider le miracle économique de la Côte d'Ivoire dans les années 1960 en élargissant l'accès à l'eau potable. M. Ebah a souligné que les gouvernements ont un rôle essentiel à jouer en mettant en place de bonnes réglementations pour soutenir le secteur privé.

Ralph Olaye, directeur du Développement et des projets d'Eranove, a présenté le contexte au moyen de statistiques. Selon les chiffres de la Banque africaine de développement, le développement du secteur de l'eau en Afrique nécessite un investissement de 40 milliards de dollars par an. Il a indiqué que la contribution du secteur privé aux investissements dans ce secteur n'était que de 2 %, notant que les entreprises pouvaient apporter bien plus qu'un simple financement, en fournissant par exemple de précieuses compétences en matière de gestion et de services.

Le congrès, tenu du 19 au 23 février 2023, a réuni des experts, des ingénieurs, des techniciens, des chercheurs et d'autres parties prenantes pour discuter des défis de l'eau et de l'assainissement en Afrique, sous le thème " Agir pour une gestion durable des ressources et un accès pour tous à l'eau et à l'assainissement ". La Banque africaine de développement a organisé des tables-rondes, des expositions, et tenu un stand d'exposition pour présenter des projets.