Tunisie: Une marche, une nouvelle crise

Siège de l'UGTT à Tunis.

L'Ugtt organise aujourd'hui un grand rassemblement ouvrier à Tunis qui vient couronner plusieurs manifestations qui se sont déroulées les semaines dernières dans les régions. Cette mobilisation syndicale affirme la scission entre Saïed et la Centrale syndicale tunisienne et représente le début d'une confrontation directe avec le pouvoir en place.

Si à l'origine, l'enjeu de cet inexplicable conflit pouvait se résumer par des revendications sociales et le refus manifesté par la Centrale syndicale des réformes soumises par le gouvernement aux instances financières mondiales afin d'obtenir les financements nécessaires pour lubrifier les caisses de l'Etat, la situation s'est davantage altérée suite à l'initiative politique menée par la Centrale syndicale et d'autres acteurs de la société civile pour une sortie de crise politique jugée par Saïed comme une dérive politique de l'action syndicale.

Ce qui n'a pas pour autant empêché les syndicalistes de multiplier l'agitation guerrière, profitant de la détérioration manifeste du pouvoir d'achat des citoyens pour investir la rue et manifester leur grogne pour non-application des accords signés avec le gouvernement. Il n'empêche, l'arrestation de plusieurs syndicalistes, que ce soit dans le cadre des affaires de corruption ou celles ayant porté préjudice à l'Etat, à l'instar de la grève des agents de Tunisie Autoroutes, a envenimé la situation.

Les premiers responsables syndicaux ont également été outrés par l'expulsion d'Esther Lynch, secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats (CES), le refoulement de Marco Perez Molena, chargé de la coopération avec l'Afrique et l'Asie au sein de l'Union générale des travailleurs d'Espagne (CEC UGT Spain), et l'interdiction d'accès au territoire des membres d'une délégation de la Confédération syndicale internationale, qui a été perçu comme un affront et une "attaque injustifiée visant la centrale syndicale et l'action syndicale libre".

Cela dit, ce grand rassemblement, qui se tient donc sous haute tension, n'apportera pas de solution mais ouvre la voie à une nouvelle crise si parmi les protestataires il y a des éléments du Front de salut, dont la marche prévue dimanche 5 mars a été interdite par le gouverneur de Tunis.

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