Le secrétaire d'État américain Antony Blinken est à Addis-Abéba, en Éthiopie ce mercredi, premier pays de sa tournée africaine. Une visite qui intervient alors que les relations entre les deux pays se sont dégradées depuis le début du conflit au Tigré en 2020.
L'accord de paix, signé le 2 novembre entre le gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed et les rebelles tigréens, prévoit entre autres le désarmement des forces rebelles, le rétablissement de l'autorité fédérale au Tigré ainsi que la réouverture des accès et communications vers la région. Washington entend faire pression pour s'assurer du bon respect de cet accord et c'est pour ce faire que le numéro deux américain s'est déplacé.
Mais cette visite ne marque pas un retour immédiat à la normale entre Addis-Abeba et Washington, a insisté Molly Phee, la secrétaire d'État adjointe aux affaires africaines. Il s'agit plutôt de remodeler les relations entre les deux pays.
L'Éthiopie pousse notamment pour la levée de certaines sanctions économiques, souligne Cameron Hudson, spécialiste de l'Afrique au Center for Strategic and International Studies. Washington a notamment suspendu début 2022 le pays de l'Agoa, une loi permettant les exportations vers les États-Unis sans payer de taxes douanières.
Les Américains, eux, entendent d'abord évaluer et consolider la mise en oeuvre de l'accord de paix de Pretoria. Depuis sa signature, les combats ont cessé. Le courant a été rétabli dans certaines parties du Tigré. Mais l'aide humanitaire reste insuffisante. Et plusieurs points sont difficiles à vérifier, par manque d'accès. Blinken doit s'entretenir à ce propos avec des représentants du gouvernement, des Tigréens ainsi que divers humanitaires et membres de la société civile.
Il est aussi prévu à Addis-Abeba une rencontre avec le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat. Antony Blinken doit prendre la parole devant la presse à Addis-Abéba ce mercredi après-midi. Il est ensuite attendu au Niger jeudi. Cette tournée africaine marque un regain d'intérêt des États-Unis pour le continent, plusieurs haut-responsables américains s'y sont en effet rendus depuis le sommet États-Unis-Afrique en décembre. Les Américains cherchent à affirmer leur présence sur le continent pour contrer les influences chinoises et russes.