Afrique: Crimes de guerre au Tigré - L'Ethiopie dénonce des accusations américaines 'iniques'

Antony J. Blinken

Les accusations américaines de crimes de guerre dans la région éthiopienne du Tigré sont "incendiaires" et "sélectives car elles répartissent iniquement les responsabilités parmi les parties" au conflit, a estimé le ministère éthiopien des Affaires étrangères.

Le 20 mars, le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, tout juste rentré d'Ethiopie, avait affirmé que tous les belligérants - forces pro gouvernementales et rebelles - avaient commis des crimes de guerre durant les deux ans de conflit au Tigré, estimant que beaucoup de ces actes n'étaient pas "dus au hasard [ou] à une conséquence indirecte de la guerre [mais] étaient calculés et délibérés". Antony Blinken a surtout pointé du doigt des crimes contre l'humanité attribués à l'armée fédérale éthiopienne et ses alliées (armée érythréenne et forces et milices de la région de l'Amhara) dont des "meurtres, viols et d'autres formes de violences sexuelles et de persécution", sans mentionner à ce sujet les forces des autorités rebelles du Tigré. "Le gouvernement d'Ethiopie n'accepte pas les condamnations générales contenues dans cette déclaration (américaine) et ne voit aucun intérêt à une approche aussi unilatérale et antagoniste", a répondu le 22 mars le ministère éthiopien des Affaires étrangères dans un communiqué.

Cette déclaration est "sélective car elle répartit iniquement les responsabilités parmi les parties. Sans raison apparente, les Etats-Unis semblent exonérer une des parties de certaines accusations de violations de droits humains, telles que viols ou violences sexuelles, malgré des preuves claires et accablantes de sa culpabilité", a-t-il poursuivi, ajoutant:"Alors que l'Ethiopie met en application le processus de paix, une telle répartition des responsabilités est injustifiée et amoindrit le soutien des Etats-Unis à un processus de paix inclusif en Ethiopie". Les propos de Washington sont, en outre, "inopportuns". "Il va y avoir de plus amples investigations" sur les violations des droits humains durant ce conflit et cette déclaration "nuit aux efforts nationaux (éthiopiens) pour enquêter de façon exhaustive sur ces accusations, quelque soit les coupables", selon Addis Abeba.

La déclaration américaine est également "incendiaire [et] va être utilisée pour alimenter des campagnes (...) dressant les communautés les unes contre les autres" en Ethiopie, dénonce le ministère, critiquant une "approche partisane et source de discorde [...]. L'Ethiopie va continuer à mettre en place toutes les mesures visant à faire rendre des comptes aux responsables, y compris terminer la consultation nationale sur la justice transitionnelle et faire en sorte que justice soit rendue à toutes les victimes", assure le gouvernement éthiopien. Un accord de paix, signé le 2 novembre 2022 à Pretoria, en Afrique du Sud, met fin à deux ans de brutal conflit au Tigré, région du Nord de l'Ethiopie.

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