C'est la première fois depuis 2019 que les six chefs d'Etat de cet espace se retrouvent en présentiel. L'occasion de faire le point sur la libre circulation des biens et des personnes au sein de la CEMAC
"Solidarité et intégration régionale, c'est sans contexte le plus brillant résumé du projet commun des Etats membres de la Cémac, unis autour d'un généreux idéal collectif, c'est à dire la construction d'un espace intégré où les populations vivent ensemble dans un élan de solidarité, porté par une culture d'appartenance à une même communauté."
C'est donc sous le signe de la solidarité et de l'intégration que Daniel Ona Ondo, président de la Commission de la CEMAC, a placé le 15e sommet des chefs d'Etat de cette institution.
Des discriminations envers les populations étrangères
Si l'intégration régionale est présentée comme un processus qui lève les barrières entre les peuples afin de leur garantir une parfaite coopération, les réalités sont toutes autres sur le terrain.
Virginie Chimi, une étudiante camerounaise en Guinée Equatoriale, raconte les difficultés qu'elle rencontre avec les douaniers de ce pays.
"Quand tu veux traverser la frontière et qu'ils te demandent 10.000 francs CFA, si tu as seulement 5.000 francs CFA ou rien du tout, alors ils te jettent de l'eau sale, ils te bousculent, t'insultent... ce n'est pas facile ce pays", témoigne-t-elle.
Mais ce genre d'excès ne se rencontre bien sûr pas qu'en Guinée Equatoriale. Au Cameroun aussi, les travailleurs étrangers subissent des discriminations, comme l'explique Jean Bedel Oumar, un Tchadien qui vit à Yaoundé.
"La carte consulaire, peu d'autorités camerounaises dans les contrôles routiers la considèrent. D'autres la déchirent ou la confisquent, en plus de molester les gens. Je pense que quand un ressortissant de la sous-région présente sa carte à une autorité, si cette dernière a besoin des détails sur le document, elle doit s'adresser à l'ambassade qui a délivré cette carte consulaire", explique Jean Bedel Oumar. "C'est cette carte que les ressortissants de la sous-région utilisent au Cameroun. En plus, on ne leur permet aussi pas d'accéder à certaines opérations bancaires."
Cette année, la question de la libre circulation des personnes est de nouveau posée sur la table. Les chefs d'Etat africains de la zone Cémac devront donc relever les défis liés au manque d'infrastructures transfrontalières, aux procédures de visa, aux exigences douanières, sans oublier les tensions politiques entre Etats qui freinent l'intégration régionale.