L'ambiance préélectorale est montée d'un cran la semaine dernière. A coup de punchlines et de démonstrations de force, de probables candidats à l'élection présidentielle ont électrisé l'arène politique et les débats au sein de l'opinion publique.
Début des choses sérieuses. Sur le fond, le niveau des discours de part et d'autre ne fait pas l'unanimité. En la forme, toutefois, l'ambiance au sein de l'arène politique prend définitivement les traits d'une joute électorale. Des successions de punchlines, les médias et les réseaux sociaux inondés d'image de personnalités politiques suivies d'une foule de partisans afin de démontrer la cote de popularité. Visiblement, la période de rodage est terminée. Les aspirants à la présidentielle sont pleinement dans la vitesse de croisière de la pré-campagne. À tout seigneur tout honneur, c'est Andry Rajoelina, président de la République, qui a lancé la première salve. Sauf énorme revirement, il s'aligne à la course à la magistrature suprême dans le but de briguer un second mandat.
Durant un double événement dans le district d'Antananarivo Atsimondrano, jeudi, le locataire d'Iavoloha a mis au défi ses futurs adversaires en lançant, "Cet homme qui est debout devant vous est un combattant. C'est un guerrier. Et s'il se présente sur le tatami c'est pour gagner. Personne le vaincra. Ce ne sont pas juste des paroles. Nous l'avons déjà démontré. Il suffit que je regarde mon adversaire pour déceler son point faible. C'est cet état d'esprit de combattant qui est en moi et qui fait que lorsque je m'engage, je m'engage jusqu'au bout et jusqu'à la victoire".
Une vague Orange a suivi Andry Rajoelina qui a fait le trajet de Mahabo jusqu'à Iavoloha, à pied. Sur son passage, des personnes le saluaient de leur balcon et d'autres de leur voiture et des trottoirs. Une occasion de jauger son capital sympathie dans la capitale et ses environs. Visiblement galvanisé par cette liesse, il a ajouté, dans son discours à Iavoloha, que dans sa jeunesse, lors de ses compétitions de Karaté, son sport de prédilection, la peur de l'affronter aurait causé des incontinences urinaires à certains de ses adversaires.
Ces mots du Chef de l'Etat lui ont valu l'ire d'une partie de l'opinion publique, mais qui ont électrisé ses partisans. Depuis, cette question de champion ou non a été le thème central des débats pré-électoraux de la fin de semaine. Chaque camp mettant en avant leur "champion", donc. Vendredi, à Tsiroanomandidy, c'est le député Siteny Randrianasoloniaiko qui a été le premier à répliquer au président de la République. Il n'y a plus de doute que l'élu de Toliara I caresse l'idée d'être le nouveau locataire d'Iavoloha à l'issue du scrutin en fin d'année.
Challenger
Celui qui est le président de l'Union africaine de judo (UAJ), a mis en avant ses multiples titres de champion de Madagascar pour affirmer qu'il est "un vrai champion et non un fake champion". Le député de Toliara I, lui aussi s'est adonné à une marche dans les rues de la capitale de la région Bongolava, suivi d'une foule endossant ses couleurs, le jaune. Une autre réplique au Chef de l'État. De prime abord, Siteny Randrianasoloniaiko veut se hisser comme le principal challenger de Andry Rajoelina.
Depuis vendredi, la page officielle du député Randrianasoloniaiko et de ses partisans a inondé les réseaux sociaux des images des marches des pro-Siteny, tous vêtus de jaune dans les districts où il s'est rendu jusqu'ici. Seulement, Marc Ravalomanana, président national du parti "Tiako i Madagasikara" (TIM), lui aussi ne compte pas se laisser ravir le statut de principal prétendant au titre de magistrat suprême aisément. Il a vraisemblablement tenu à le rappeler, samedi.
Une nouvelle fois, un meeting que voulait tenir le TIM s'est heurté à un vice d'autorisation. Ce qui a entraîné des échauffourées entre les militants du parti et les forces de l'ordre. Une aubaine pour cette formation d'opposition et son chef de file étant donné que l'épisode a attiré l'attention des médias, mais aussi de tous les riverains. Surfant sur la vague, Marc Ravalomanana s'est ainsi offert un bain de foule improvisé dans les rues populaires d'Avarabohitra Itaosy. Se faisant lui-aussi acclamer des balcons, des voitures et des trottoirs sur son passage.
"N'ayez ni crainte, ni hésitation. Il faut s'armer de courage lorsqu'on veut atteindre un objectif. Il ne faut pas hésiter et continuer d'avancer", a scandé le patron du TIM pour haranguer ses partisans. Outre ces trois personnalités, les autres éventuels candidats à la présidentielle sont pour l'heure relativement discrets sur terrain. Bien que certains multiplient les réunions politiques en faisant les tours des districts, ils s'affirment plus dans les interventions médiatiques et sur les réseaux sociaux.
Dans le sillage des différents futurs candidats qui commencent à tomber les masques, les formations politiques et élus, surtout les députés, commencent aussi à choisir leur camp. Si d'autres font semblant de tergiverser, ou laissent carte blanche à leur membre afin de s'assurer de sortir gagnant quel que soit le résultat. Il y a ceux dont le choix est tranché et ne changera pas.