Afrique: Pour favoriser la transformation devant réduire les inégalités - La CEA indique la voie à suivre…

M. Antonio Pedro, secrétaire exécutif par intérim de la Commission Economique pour l'Afrique
20 Mars 2023

La 55ème session de la Commission économique pour l'Afrique (Cea) s'est ouverte ce lundi 20 mars 2023 à Addis-Abeba, en Ethiopie. La réflexion est convoquée autour du thème « Favoriser la reprise et la transformation en Afrique pour réduire les inégalités et les vulnérabilités ».

Une opportunité saisie par M. Antonio Petro, secrétaire exécutif par intérim de la CEA de signifier que l'Afrique est au centre des transitions de la durabilité mondiale dont la décarbonation des systèmes de production, l'électrification, l'infrastructure de transport, le déploiement accéléré de l'énergie renouvelable, les dynamiques démographique et l'action climat en général.

Selon lui, ces transitions doivent souligner le parcours de l'Afrique vers la reprise garantissant la transformation structurale, la diversification économique, construire la résilience et atteindre la croissance durable et inclusive conformément aux agendas 2030 et 2063.

De bonnes nouvelles malgré la grisaille mais des préalables aussi

Dans cette grisaille, fait-il remarquer, il y a quelques bonnes nouvelles. M. Pedro de rappeler que la croissance de l'Afrique a rebondit à 4,1% et l'inflation a été réduite à 12%, à ce jour.

Néanmoins, des défis subsistent. « Nous avons besoin d'une croissance à deux chiffres afin d'atteindre les résultats escomptés sur le continent qui est de promouvoir un nouveau cycle de croissance durable et de renforcer le climat des affaires et d'innovation ».

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Pour M. Pedro, ceci est nécessaire afin de porter attention et de   s'assurer que les fondements macroéconomiques solides sont en place pour permettre la transformation structurelle.

Devant cet état de fait, le secrétaire exécutif par intérim de la CEA estime que « nous avons également besoin de garantir un accès adéquat au financement et pousser pour une réforme de l'architecture financière mondiale afin de libérer le potentiel du financement à long termes, les emplois verts, des politiques pour les pauvres, des mécanismes d'imposition et la limitation des flux financiers illicites ».

De plus, poursuit M. Pedro, les décideurs doivent travailler à dé-risquer les investissements sur le continent pour les investisseurs nationaux et étrangers.

A l'appui de cela, poursuit-il, d'immenses efforts sont nécessaires afin de développer un ensemble crédible de projets bancables avec un espace fiscale limité.

A son avis, « chaque dollar dépensé doit générer des impacts socio-économiques maximales ainsi que des co-avantages qui vont au-delà de la seule quantification du Pib et personne ne doit être laissé pour compter ». D'où la pertinence du thème de cette 55ème session.

Deux décennies de progrès réalisés encore sous menace

D'après lui, la spirale de crise qui secoue le monde menace de renverser les deux décennies de progrès réalisé. En Afrique près de 685 millions de personnes risquent de retomber dans la pauvreté.

Devant cette situation, le patron par intérim de la CEA estime que le fait d'entrer dans la bonne voie de la recherche de solutions, nécessitera une action urgente et une coordination qui doit être prise à tous les niveaux.

Il appelle ainsi les pays à adopter des mesures afin d'atténuer la vulnérabilité économique et social, réduire les inégalités économiques, garantir la croissance inclusive et résiliente et accélérer la lutte contre la pauvreté en Afrique.

Pour lui, ceci nécessitera un modèle de développement centré sur les habitants qui cherchent la réduction des populations, des inégalités, et son intégration au sein des stratégies nationales et régionales de développement.

Pour renforcer les pactes sociaux, estime M. Pedro, nous devons améliorer la qualité de dialogue multipartite et la participation dans la prise de décision.

A cela, il y ajoute le besoin d'améliorer la compréhension de la politique économique du changement et la façon d'utiliser les mesures incitatives afin d'atteindre nos objectifs stratégiques.

Tirer profit de la Zlecaf et des crédits carbones

Face à   des menaces existentielles comme le changement climatique, le secrétaire exécutif par intérim de la CEA pense que les financements devant garantir la reprise verte en Afrique sont insuffisants et inadéquats.

Pour renforcer la préparation aux chocs à venir, le fait de concevoir une voie pour le développement structurel est nécessaire via l'industrialisation durable et l'accord de la Zlecaf qui vont jouer des rôles catalyseurs.

« Nous devons tirer profit de la Zlecaf afin de combler les inégalités et vulnérabilités tout en permettant une reprise et une transformation en Afrique ».

D'après lui, le fait de ne laisser personne pour compte ne doit pas être un choix pour les pays africains, car le succès dépend de ne plus travailler comme à l'accoutumé.

A son avis, les crises actuelles appellent à des approches courageuses mais également l'application de la précision dans les interventions.

Il invite à investir davantage dans le fait de générer des études de diagnostic de croissance détaillé permettant de déterminer les avantages économiques dont disposent nos pays.

Ce qui, d'après lui, appuiera des chaines de valeurs régionales.

Dans cette même dynamique, il pense que les acteurs doivent également tirer parti des évaluations de lacunes et de manquements en termes de compétence d'être plus performants, ainsi au sein de nos systèmes d'éducation et des modèles d'appui concernant nos décisions commerciales pour avoir plus d'impact.

Pour lui, l'Afrique doit contrôler le récit concernant sa trajectoire vers le développement durable.

Sans oublier les défis financiers auxquels elle  fait face, M. Pedro invite à accélérer l'élaboration de nos marchés financiers à tous les niveaux afin de lever les ressources nécessaires pour le développement.

A cet effet, la CEA réitère sa disponibilité à aider les États membres à exploiter le potentiel dans ce domaine pour la prospérité en Afrique.

Concernant le financement durable et l'action climatique, M. Pedro confie que la vente des émissions carbones pourrait rapporter à l'Afrique un montant colossal de 82 milliards de dollars US.

Avant de préciser que ce n'est pas la panacée mais elle permettrait d'accéder à des sources de financement jusque-là inexploitées et de promouvoir l'industrialisation durable.

C'est la raison pour laquelle, fait-il savoir, la CEA travaille avec les pays qui souhaitent enclencher la certification et l'accréditation carbones afin d'accéder aux marchés de carbone.

Sur cette lancée, il confie que la CEA a également élaboré en collaboration avec la Commission du Bassin du Congo, un protocole harmonisé, une boite à outils visant à encourager, un suivi, une vérification et une déclaration cohérente de la reddition des émissions de carbone.

La CEA a souligné la position centrale de l'Afrique dans les défis en énergie propre. Avant de décliner son objectif qui est de permettre au continent de dépasser le stade de l'extraction des ressources.

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