Madagascar: Comment éviter les naufrages récurrents de migrants?

Vue d'une plage de Nosy Be, aussi écrit Nossi-Bé, une île côtière de Madagascar située dans le canal du Mozambique, près des côtes nord-ouest de Madagascar. L'île est parfois aussi nommée Ambariobe par les habitants de la région.

Trente-quatre morts, vingt-trois survivants, c'est le bilan définitif du naufrage survenu le 11 mars 2023, à quelques kilomètres de l'archipel de Nosy Be, au nord-ouest de la Grande Île. À bord de l'embarcation de fortune, une soixantaine de passagers malgaches qui tentaient de rallier Mayotte de manière clandestine.

Il y a une semaine, la gendarmerie malgache a émis deux avis de recherche à l'encontre d'un homme et d'une femme, tous deux originaires de la région. Ils sont suspectés d'être les passeurs et recherchés " pour homicide involontaire des passagers vers Mayotte ". À Madagascar, ces drames maritimes sont récurrents. Différents programmes sont pourtant en cours pour limiter ce genre de catastrophes.

" On est toujours à la recherche des commanditaires "

Dix jours après le drame, plusieurs questions sont toujours en attente de réponse. Comment les passeurs ont-ils recruté les candidats à l'immigration ? D'où les ont-ils fait embarquer ? Ont-ils bénéficié de l'aide de quelques autorités ?

Cet accident, reconnait Jean-Edmond Randrianantenaina, le directeur général de l'Agence portuaire, maritime et fluviale (APMF), démontre une nouvelle fois les failles dans le système de surveillance des 5 000 km de côtes de l'île. " Ce qui est important dans ce genre d'événement, c'est surtout de regarder si on a eu assez de renseignements pour pouvoir prévenir ou interdire ce genre d'action. Et la réponse, pour le moment, c'est qu'il n'y a pas eu assez de renseignements ", dit-il.

Dans le cadre du Port Security Program - un programme financé par l'Union européenne, sur quatre ans, dont Madagascar bénéficie avec huit autres pays de l'Afrique australe et de l'océan Indien - 150 gendarmes, douaniers et agents de police malgaches auront reçu, d'ici un an, une formation dispensée par Interpol sur le renseignement terrestre et la maitrise des échanges des informations.

Un atout, affirme Jean-Edmond Randrianantenaina, qui souligne que deux zones géographiques ont été déclarées prioritaires : " La côte nord-est, entre Vohemar et Toamasina et la côte nord-ouest, entre Diego et Majunga. Ces zones-là sont à haut risque pour les trafics de drogue (à l'est) et le trafic de clandestins (à l'ouest). "

" Crise migratoire "

Mais cet accident révèle aussi un mal plus profond. " Cet énième naufrage met au grand jour la crise migratoire que Madagascar traverse actuellement ", explique Roger Charles Evina, représentant de l'Organisation internationale des migrations (OIM).

Depuis quelques mois, son organisation tente d'élaborer un programme dédié à ces personnes prêtes à prendre tous les risques pour fuir leur île : " Le but de notre projet, c'est de proposer des activités génératrices de revenus aux potentiels migrants, afin de les stabiliser dans les communautés d'origine parce qu'on sait, pour la plupart, que les personnes migrent pour des raisons économiques. "

Si les constatations laissent penser que Mayotte attire de plus en plus de Malgaches, aucun chiffre officiel n'existe actuellement. Le programme de l'OIM aimerait constituer une base de données pour suivre l'évolution de ces migrations et rendre compte du phénomène.

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