L'instance a jugé que la présidente de l'Assemblée nationale avait eu raison de considérer irrecevable la motion de censure déposée contre le gouvernement par des parlementaires. Ceux-ci sont outrés.
Le 7 décembre dernier, deux-tiers des députés déposaient une motion de censure à l'encontre du gouvernement. Le soir même, le président de la République réunissait une soixantaine de députés de son parti pour exiger qu'ils fassent machine arrière. Le lendemain, la présidente de l'Assemblée nationale annonçait que la motion de censure était irrecevable.
Une violation claire de la séparation des pouvoirs, aux yeux de certains députés, qui ont fait déposer une requête auprès de la Haute Cour constitutionnelle .
Depuis, la HCC a rendu son avis, donnant raison à la présidente de l'Assemblée nationale. Une décision inadmissible, pour de nombreux parlementaires, qui ont dénoncé hier " l'absence flagrante d'indépendance " de cette Cour.
Face la presse et sous les yeux de trois ex-chefs d'État (Marc Ravalomanana, Hery Rajaonarimampianina et Rivo Rakotovao) et de plusieurs présidents de partis politiques, le collectif des 23 députés signataires, emmenés par la députée indépendante Eleonore Johasy, a fustigé le " jeu dangereux " joué par la HCC :
" La HCC a confirmé qu'une vérification des 105 signatures devait être faite par la présidente de l'Assemblée nationale sauf que cela n'est mentionné nulle part, ni dans notre Constitution ni dans le règlement intérieur de l'Assemblée nationale. Donc c'est purement le fruit de leur [des juges, NDLR] imagination. C'est un très gros problème parce que c'est une atteinte à l'ordre constitutionnel. "
En fin d'année, c'est cette même cour qui devra proclamer le vainqueur de l'élection présidentielle. Pour Narson Rafidimanana, autre élu indépendant, ces " démonstrations de partialité " dit-il, sont un bien mauvais signal : " Nous députés de Madagascar, on ne peut plus donner notre confiance aujoud'hui à la HCC parce qu'ils ne sont pas neutres du tout ! Ils sont à la botte du pouvoir, à la botte de l'exécutif ! "
Un exécutif de plus en plus malmené par son propre camp. Plusieurs députés IRD, le parti présidentiel, sont venus grossir les rangs du collectif des contestataires, à l'instar de Marie-Thérèse Volahaingo : " De plus en plus députés, surtout les IRD contestent la façon dont le gouvernement gère l'Assemblée nationale. Mais la plupart ont peur du président. Peur que l'on ne leur octroie pas d'infrastructures dans les districts. Peur des menaces, des ordres. Sur 105, signataires de la motion de censure, il y avait 70 députés IRD ! "
La prochaine session parlementaire, début mai, s'annonce déjà sous haute tension.