Madagascar: Déclaration à Ambohimanambola - L'opposition fait front commun

La salle des séances de l'Assemblée nationale malgache

Des députés d'opposition ont fait une déclaration au Hintsy Ambohimanambola, hier. Une déclaration soutenue par deux anciens Chefs d'État, aspirants à la présidence de la République et chefs de parti.

Le décor a été planté au Hintsy Ambohimanam-bola. Quinze députés ont rejoint la tribune. Il a manqué quelques-uns donc, étant donné qu'ils sont vingt-trois à avoir signé l'acte demandant au Haut conseil de la défense de la démocratie et de l'État de droit (HCDDED), de saisir la HCC. Une saisine portant sur le contrôle de constitutionnalité des actes du bureau permanent de l'Assemblée nationale mettant fin à la tentative de motion de censure et la déchéance du président de la République qui serait intervenue à cet effet.

Une saisine déboutée par la HCC. Les députés du "Tiako i Madagasikara" (TIM), du "Malagasy miara-miainga" (MMM), celui du "Malagasy tonga saina" (MTS), et des indépendants à la tête du mouvement "C Lera", et du jeune parti "Tsara Tahafina", ont alors fait corps pour affirmer qu'avec cette décision, la HCC annihile les prérogatives parlementaires.

Pour dire qu'ils n'ont pas confiance en l'indépendance et l'impartialité de la HCC, surtout dans l'optique de l'élection présidentielle.

Pour donner plus d'envergure à la sortie médiatique des députés d'opposi- tion, hier, les chefs des partis et courants politiques dont ils sont issus ont été au premier dans l'assistance. Les anciens présidents de la République Marc Ravaloma­nana et Hery Rajaonarimam­pianina ont fait acte de présence donc. Une présence au nom du TIM et du parti "Hery vaovao ho an'i Madaga­sikara" (HVM). Pareillement pour Hajo Andrianainarivelo, chef de file du MMM, qui confirme que désormais le parti est dans l'opposition.

Auguste Paraina, leader du parti "Tsara Tahafina", était également de la partie. Ces leaders politiques aux premiers rangs ont en commun une ambition présidentielle.

Conjoncturelle

Du moins, jusqu'à l'heure. D'anciens ministres et anciens parlementaires qui composent notamment le mouvement "C Lera", étaient aussi présents en nombre à Ambohimanam­bola.

Au-delà de l'objet officiel, l'image de l'événement tend à indiquer un rapprochement entre les différentes factions d'opposition à quelques mois de l'élection présidentielle. Un scénario qui tend à rappeler celui d'avril 2018, mais avec quelques changements au niveau des acteurs. En 2018, un mouvement de députés, soutenu par d'anciens Présidents, à savoir Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina, à l'épo­que, ont bousculé l'administration de Hery Rajaonari- mampianina, alors président de la République.

Selon Rivo Rakotovao, coordonnateur national du HVM, réitérer le scénario d'avril 2018 n'est pas dans les plans. "Il faut toutefois tenir compte de toutes les éventualités comme possible conséquence de l'entêtement du pouvoir. Là est la nécessité d'un dialogue", ajoute-t-il, tout en se défendant de toute idée de remettre en cause l'échéance électorale prévue à la fin de l'année. D'après l'ancien président du Sénat, par ailleurs, il n'est pas question d'une probable alliance en vue de la course à la magistrature suprême.

L'idée de faire front unique face au candidat du pouvoir à la présidentielle a toutefois déjà été avancée en coulisse. Une équation qui pourrait difficilement se mettre en place au regard des égos et ambitions des personnalités assises aux premiers rangs, à Ambohi­manambola, hier. Certains ont même déjà annoncé leur candidature. Il n'est pas à écarter toutefois que certains se rétractent et s'alignent derrière un autre candidat.

A la question d'une éventuelle alliance, Rivo Rakoto­vao répond, "nous décidons de faire front sur les points sur lesquels nous nous accordons". Le coordonnateur national du HVM rappelle que ce n'est pas la première fois que les entités d'opposition unissent leur voix. Il rappelle les épisodes de la création des plateformes d'opposition que sont le Groupe Panorama et le RMDM. Cette fois-ci, selon Rivo Rakotovao, les opposants font front pour affirmer une crise de confiance vis-à-vis de la HCC.

De prime abord, l'action commune d'hier est conjoncturelle. Il est probable toutefois que le scénario se répète fréquemment jusqu' au début de la campagne électorale et même à l'issue du processus. Pour certains observateurs, les actions de l'opposition actuellement, pourraient être une manière de justifier d'éventuelles contestations des résultats de la présidentielle au cas où ils ne seraient pas en leur faveur.

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