La prétendue crise de la vanille a été désamorcée hier. Une délégation gouvernementale a rencontré les acteurs du secteur à Sambava.
Beaucoup de bruits pour rien. Les images ont fait le tour des réseaux sociaux hier. Les planteurs et exportateurs de vanille ont manifesté à Antalaha contre les décisions prises par l'Etat depuis 2020 dont l'obligation de rapatriement de devises, l'établissement de prix plancher, et la création du Conseil national de la vanille. Des mesures considérées par certains politiciens et opérateurs comme une volonté de monopoliser le secteur vanille.
Des manoeuvres ont été ainsi menées pour saper la campagne de vanille verte et surtout la campagne d'exportation. Pour faire baisser le prix plancher de 250 dollars le kilo de vanille à l'export, les gros clients étrangers ont boudé la vanille malgache. On ignore s'il s'agit d'une entente illégale voire mafieuse de certaines grandes sociétés comme c'était le cas avec les parfums et arômes. Le Comité de concurrence suisse a ouvert une enquête sur cette affaire qui implique plusieurs sociétés. Le même parfum de scandale pourrait atteindre la vanille.
On n'a pas de certitude mais toujours est-il que la campagne d'exportation a été perturbée. Du coup les planteurs et exportateurs ont commencé à hausser le ton. Comme la situation n'a évolué, ils ont décidé de se faire entendre en manifestant dans la rue, en brûlant des pneus que certains ont assimilé à de la vanille pour faire davantage sensation.
Terrain d'entente
Une délégation du gouvernement composée de trois ministres en l'occurrence le ministre de l'Industrialisation, du commerce et de la consommation Edgard Razafindravahy, le ministre de l'Intérieur et de la décentralisation Justin Tokely et le Secrétaire d'Etat à la gendarmerie Serge Gellé s'est rendue dare-dare à Sambava hier. Certaines personnes les ont dissuadé de s'y rendre sous prétexte que la situation était très tendue et qu'ils risquaient d'être pris à partie par la population. Mais les trois ministres n'ont pas renoncé à leur mission. Ils ont rencontré l'association SOS vanille présidée par l'ancien député Jean Pierre Laisoa dit Jaovato.
Après plusieurs heures de discussion dans une atmosphère détendue et cordiale les malentendus ont été levés. Les deux parties ont trouvé un terrain d'entente. Conformément au souhait des planteurs et acteurs de la vanille, le Conseil national de la vanille sera ouvert à leurs représentants. Le budget du CNV sera davantage orienté vers les planteurs, et notamment pour appuyer le poinçonnage et la traçabilité, l'amélioration de la qualité et le bien-être des planteurs.
L'Etat a également accepté d'accorder des agréments aux nouvelles demandes. En revanche les prix planchers ont été maintenus et tout le monde a reconnu leur utilité après explication. Le rapatriement de devises reste obligatoire, mais libre à l'exportateur d'appliquer la règle du 70/30. Voilà les grandes lignes de la rencontre de Sambava. Tout compte fait, la tension entretenue depuis plusieurs jours n'était qu'une tempête dans un verre d'eau. A preuve, il a suffi d'un face à face pour aplanir les problèmes.