Au pays de l'or, près d'Assouan, le joyau du Nil, se trouve l'un des plus grands parcs solaires du monde : Benban. Ce n'est pas un hasard : située entre les latitudes 22 et 31,5 nord, l'Égypte est l'un des pays du globe avec le plus grand potentiel énergétique solaire.
Benban est un village devant lequel s'étend le parc éponyme sur une superficie de 37 km2, à proximité de la « route du désert » entre Assouan et Le Caire.
Lancé en 2018 avec la mise en service d'une première centrale photovoltaïque, ce mégaprojet a été intégré à la stratégie élaborée par l'Autorité égyptienne des énergies nouvelles et renouvelables. Objectif : contribuer à porter à 42% la part des énergies renouvelables dans son mix électrique d'ici à 2035. À lui seul, Le parc permet de réduire les émissions de CO2 de deux millions de tonnes par an.
« La première fois que je suis venu ici, il n'y avait rien d'autre que du sable, se souvient Mostafa Abdelfatah, un des responsables du projet. Mais le soleil m'est tout de suite apparu comme une chance formidable de produire de l'énergie propre. Benban est aujourd'hui l'un des plus grands parcs solaires au monde, avec des millions de panneaux photovoltaïques, qui fournissent de l'électricité à plus d'un million de foyers. »
Le parc solaire a bénéficié d'un soutien financier de la Banque africaine de développement à hauteur de 55 millions de dollars américains. À plein régime, la capacité de production du parc atteint 3,8 TWh d'électricité par an. Le site comprend la construction de 34 centrales solaires, d'une capacité de 50 MW chacune. En comparaison, l'énergie totale générée par le soleil équivaut à 90% de l'énergie électrique produite par le Haut barrage d'Assouan.
Pendant la période de construction, le projet a offert jusqu'à 20.000 opportunités d'emplois tandis que 6.000 postes permanents ont été créés par les entreprises participant à l'exploitation du parc.
Malgré des températures locales très élevées -pouvant atteindre 50° Celsius-, Hadeer Khalifa travaille sur le site depuis son démarrage en 2018. Elle y assure le suivi de performance des panneaux photovoltaïques.
« Mes collègues m'avaient prévenue que je devrais travailler sous un soleil de plomb, dans des conditions difficiles à supporter. Mais je leur ai répondu que je voulais essayer... et je dois dire que je me suis beaucoup épanouie dans ce travail. Et ils en sont très fiers ! », raconte-t-elle en souriant.
« J'ai beaucoup appris ces quatre dernières années et acquis une expérience considérable grâce aux ingénieurs du site et aux différentes entreprises avec lesquelles j'ai collaboré. Et lorsqu'on se sent valorisé, que la direction apprécie votre travail, cela fait chaud au coeur », reconnaît la jeune ingénieure.
A Benban, l'Autorité égyptienne des énergies nouvelles et renouvelables a sélectionné 39 entreprises spécialisées dans la production d'énergie en leur accordant un droit d'usufruit de 25 ans.
Parallèlement, le ministère égyptien de l'Éducation a accueilli favorablement une proposition du gouverneur d'Assouan visant à transformer le lycée industriel de Benban en un établissement spécialisé dans l'énergie solaire. Le projet consiste à enseigner l'ensemble des métiers liés à l'énergie solaire et à l'activité des centrales électriques dans toutes leurs spécificités.
A l'avenir, le parc solaire de Benban est appelé à jouer un rôle central sur la carte énergétique du continent africain en tant que modèle de production d'énergie propre, qui est un des principaux enjeux de la stratégie de l'ONU dans le cadre des Objectifs de développement durable. Alors que l'Égypte a accueilli la 27e Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP27) en novembre 2022 à Charm el-Cheikh, les énergies renouvelables ont un avenir radieux au pays des Pharaons.