Le sommet pour la démocratie se tient à Lusaka (Zambie) dans un contexte où 25 pays africains se préparent à des élections présidentielles ou parlementaires. Le Président de la République de la Zambie a profité de cette tribune pour appeler ses homologues du continent à organiser des élections libres, équitables et transparentes pour la survie de la démocratie en Afrique.
La République de la Zambie est le lieu de convergence de plusieurs autorités. Pour cause : elle abrite le deuxième sommet pour la démocratie dont le thème général porte sur : « Des élections libres, justes et transparentes en Afrique ». Les travaux d'hier ont été présidés par le Président de la République de la Zambie, Hakainde Hichilema. « Nous sommes tous d'accord que des élections libres, équitables et transparentes sont la pierre angulaire d'une gouvernance démocratique. Cela garantit la crédibilité dans les élections et par la suite la légitimité de tout gouvernement », a-t-il d'emblée déclaré. À l'en croire, pour y arriver, il faut des institutions de gouvernance fortes et résilientes. « Nous avons besoin d'organes de gestion électorale indépendants et crédibles. Nous avons besoin de systèmes judiciaires indépendants et professionnels et de médias indépendants, libres et responsables », souligne-t-il. Avant d'ajouter : « en plus d'avoir des institutions solides, nous devons nous assurer d'avoir des cadres politiques et juridiques favorables. Des cadres qui garantissent la prévisibilité de la tenue des élections qui offrent un mécanisme de résolution des griefs et des plaintes et assurent la liberté de réunion et la liberté d'association ».
À son avis, pour que la démocratie progresse, les citoyens doivent participer librement aux processus électoraux. Cela, dit-il, sans harcèlement, violence, intimidation et mauvaise pratique. À son avis, cela permettra aux citoyens de prendre des décisions éclairées et d'élire librement les dirigeants de leur choix. Dans le même sillage, le Chef d'État de la Zambie exhorte tous les pays du continent africain à introduire et à entreprendre les réformes institutionnelles, politiques et législatives nécessaires pour garantir des élections libres, équitables et transparentes. « C'est ce que nos citoyens méritent. C'est ce que mérite notre continent. Des élections libres, équitables et transparentes font le fondement d'une gouvernance démocratique », relève-t-il.
Sommet pour la démocratie
Plaidoyer pour le renforcement de la société civile africaine
Le Président de la République de la Zambie a magnifié le rôle que la société civile africaine est en train de jouer avant de plaider pour le renforcement de celle-ci. D'après lui, le rôle que cette société civile joue dans la sensibilisation des électeurs, la surveillance, l'observation des élections, ainsi que la résolution des conflits ne doit pas être négligé. « Nous avons le devoir de soutenir la société pour le rayonnement de la démocratie », a-t-il soutenu. Par ailleurs, il a indiqué que son pays a pris l'engagement de garantir la liberté des médias, de protéger la liberté de réunion et d'association. A. DIOUF
La corruption et la bonne gouvernance en Afrique au coeur des débats
La corruption freine le développement de l'Afrique, c'est la conviction des acteurs de la société civile qui appellent les dirigeants à éradiquer ce fléau.
« Le coût de la corruption en Afrique est plus élevé que le total de l'aide que le continent reçoit des bailleurs de fonds » ! Cette révélation est faite par William Carew, le secrétaire en chef du Conseil économique, social et culturel en Afrique. Il s'exprimait, hier, à Lusaka, la capitale de la Zambie, en marge de la rencontre relative au dialogue sur la corruption et la bonne gouvernance. Elle est organisée par Open Society-africa, parallèlement au sommet sur la démocratie qui se tient dans ledit pays. Selon lui, la corruption pose toujours des défis dans le continent. Elle menace le développement durable et la bonne gouvernance qui sont d'une grande importance pour atteindre les objectifs sur le programme de 2063. « La convention de l'Union africaine (Ua), dans son article 4, demande aux États membres de travailler étroitement avec les organisations nationales, régionales pour réduire la corruption dans le continent. La responsabilité primordiale de combattre la corruption appartient aux États membres », a-t-il déclaré, ajoutant, dans le même sillage, que l'article 19 de la Convention de l'Ua sur la prévention et la lutte contre la corruption exige aux États membres de renforcer la coopération internationale pour prévenir les pratiques de la corruption dans le commerce international. Il estime que les gouvernements africains doivent promouvoir la transparence et investir dans les mesures qui créent le développement pour déterminer l'avenir de l'Afrique.
Dans son intervention, Boniface Cheembe, Président du comité du conseil consultatif de la Zambie a interpellé les membres de la société civile. Ces derniers, à son avis, ont un grand rôle à jouer dans la lutte contre la corruption. Ils doivent, d'après lui, influencer les politiques et les organisations continentales et nationales à fournir des orientations et à partager des actions pour combattre la corruption et pour s'assurer qu'il y a une bonne gouvernance dans le continent. « La corruption est la crise de la démocratie », relève-t-il, pour le regretter. Avant d'ajouter : « ceux qui gèrent les deniers publics doivent être transparents dans leur gestion. La société civile a le rôle de produire des preuves sur l'impact de la corruption et sur la population en général. La société civile ne peut pas échouer. Elle doit être active afin de jouer efficacement son rôle pour un meilleur devenir de l'Afrique », soutient-il. Aliou DIOUF
Lutte contre la corruption
7 pays tardent à ratifier la Convention de l'Union africaine
La Convention de l'Union africaine pour la lutte contre la corruption n'a pas été ratifiée par tous les pays du Continent. Celle-ci a été signée par 48 pays. Autrement dit, il y a 7 pays qui n'ont pas encore pris la décision de signer cette convention qui permettrait aux pays du continent de combattre la corruption qui gangrène les sociétés. Il s'agit de l'Eswatini, de l'Érythrée, de la Centrafrique, de Djibouti, de la Somalie et du Soudan du Sud. « Nous ne savons pas pourquoi ces pays ne signent pas cette convention », a soutenu Charity H. Nchiimunya, secrétaire exécutive du Comité consultatif de l'Union africaine contre la corruption en Afrique, prenant part à la rencontre sur le dialogue contre la corruption pour la bonne gouvernance. Cependant, souligne-t-elle : « notre objectif est de faire des plaidoyers pour que ces pays ratifient la Convention. En novembre dernier, on a été en Eswatini pour discuter avec les dirigeants de ce pays afin de connaître les raisons pour lesquelles ils n'ont pas ratifié la convention. Mais dans tous les cas, décider de ratifier une convention, c'est d'abord et avant tout la volonté d'un État, un problème de souveraineté. Nous respectons la souveraineté de ces États, mais nous faisons tout pour qu'ils signent la convention ».
Le Comité consultatif de l'Union africaine contre la corruption en Afrique a été créé par le traité de l'Union africaine sur la corruption. Sa fonction est de prévenir et de lutter contre la corruption. Il fonctionne sur la base de l'Article 22 du Protocole sur la lutte contre la corruption. « Notre mandat est de travailler avec les États membres à la Convention pour qu'ils mettent en place des procédures, des mécanismes et des stratégies de lutte contre la corruption. Une des choses que nous faisons, c'est de visiter les États membres, discuter avec les responsables de la lutte contre la corruption, voir ce qu'ils font », explique-t-elle. Avant de renchérir : « nous sommes tous d'accord qu'ensemble, en travaillant avec la société civile et d'autres parties prenantes, nous pouvons, au mieux, combattre la corruption ». A. DIOUF