Le Premier ministre burkinabè Apollinaire Kyelem de Tambéla a lancé le Projet Yeleen de développement de centrales solaires et de renforcement du système électrique national, le 23 mars 2023 à Gonsin, commune rurale située à 35 kilomètres au nord-ouest de Ouagadougou. La cérémonie s'est déroulée en présence de membres du gouvernement et des représentants des institutions internationales qui financent le projet, à savoir, la Banque africaine de développement, l'Agence française de développement et l'Union européenne. Les populations de la commune ont également été témoins de l'évènement.
Le Groupe de la Banque africaine de développement apporte une contribution financière de 48,82 millions d'euros à la réalisation du projet, sur un coût total de 141,6 millions d'euros.
Ce projet de développement de centrales solaires a été élaboré dans un contexte marqué par un faible taux d'accès à l'électricité au Burkina, notamment en milieu rural. L'offre nationale d'électricité est dominée par la production thermique, avec une contribution encore limitée de l'énergie solaire, engendrant des coûts élevés de production et d'accès à l'énergie par les populations.
Le projet vise trois objectifs principaux : développer la production photovoltaïque sur le réseau électrique en facilitant son intégration et en y ajoutant les moyens de stockage d'énergie ; développer un modèle d'électrification rurale en s'appuyant sur la production solaire photovoltaïque ; densifier le réseau et améliorer l'accès des populations à l'énergie.
Les travaux consisteront notamment à installer 4 centrales solaires photovoltaïques d'une capacité totale de 51 mégawatt-crête répartis sur les sites de Gonsin (dénommé Ouaga Nord-Ouest), Dori (région du Sahel au Nord), Diapaga (Est) et Gaoua (Sud-Ouest). Il est prévu également la réalisation d'un système de stockage d'énergie d'une capacité minimale de 10 mégawatts et 8 mégawattheures, la construction de 5 000 kilomètres de lignes moyenne tension, 2 000 kilomètres de lignes basse tension et 2 500 foyers d'éclairage public.
Les principaux résultats attendus à terme sont une production annuelle d'énergie de 92 gigawattheures afin de réduire sensiblement la dépendance du pays aux approvisionnements étrangers et aux énergies fossiles très onéreuses. Le projet permettra aussi de réduire de 62 800 tonnes par an les émissions de gaz à effet de serre. 30 000 nouveaux branchements seront en outre réalisés. Ils permettront à plus de 100 000 personnes d'avoir accès à l'énergie.
Justifiant l'engagement fort de la Banque africaine de développement dans le projet, M. Daniel Ndoye, responsable pays au Burkina, a rappelé que le Projet Yeleen de développement de centrales solaires et de renforcement du système électrique national s'inscrit dans le cadre de l'Initiative Desert to Power lancée par la banque en septembre 2017 à Ouagadougou, en présence du président de l'institution Akinwumi Adesina. L'objectif de cette initiative est de faire du Sahel la plus grande zone de production solaire au monde avec 10 000 gigawatts.
Le Premier ministre a exprimé la reconnaissance du peuple burkinabè envers les partenaires techniques et financiers pour leur appui au projet.
Le responsable pays a souligné que ce projet est également en cohérence avec les priorités définies par les autorités burkinabè, notamment à travers le Plan d'action pour la stabilisation et le développement 2023-2025 du gouvernement. Le pilier III de ce plan vise à améliorer l'accès aux services énergétiques de qualité et à développer des infrastructures énergétiques de qualité et résilientes, favorisant la transformation structurelle de l'économie.
M. Daniel Ndoye, responsable pays de la banque africaine de développement, a rappelé que le Projet Yeleen s'inscrit dans l'Initiative Desert to Power.
M. Daniel Ndoye s'est félicité de la bonne synergie avec les autres partenaires au développement et a salué l'excellent travail d'équipe dans toutes les phases préparatoires du projet.
Simon-Pierre Boussim, ministre de l'Énergie, des Mines et des Carrières, a affirmé au nom du Premier ministre, la ferme volonté des autorités de mettre l'énergie solaire photovoltaïque, au coeur de la politique énergétique du pays, et par ricochet, le moteur de la croissance économique et sociale.
La mise en oeuvre du Projet Yeleen de développement de centrales solaires et de renforcement du système électrique national, entre 2023 et 2025, bonifiera les résultats de l'action de la Banque africaine de développement en faveur de l'énergie, qui constitue son second secteur d'intervention au Burkina après les infrastructures de transport. La Banque soutient les efforts du gouvernement visant à porter le taux national d'accès à l'électricité à 60 % en 2027 (notamment en corrigeant les disparités entre milieux urbain et rural), réformer le secteur de l'énergie, rendre le coût de l'électricité compétitif, et permettre l'interconnexion avec le Bénin, le Ghana, le Mali, le Niger et le Nigeria.
Dans le cadre de l'Initiative Desert to Power, la Banque soutient un volet « électrification rurale » du Projet Yeleen, qui permettra à 945 000 personnes d'avoir accès à l'électricité grâce à des raccordements à des mini-réseaux verts (solaires) et des kits solaires individuels autonomes.
En voie de démarrage, le Projet d'électrification et de développement des connexions à l'électricité vise à raccorder 220 000 nouveaux ménages au réseau électrique national. À travers un système innovant, il permettra de différer le paiement des frais d'abonnement qui constituent un frein à l'accès à l'électricité pour la plus grande partie de la population.
Ces projets consolideront les acquis du Projet de renforcement des infrastructures électriques et d'électrification rurale et du Projet d'électrification des zones péri-urbaines de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso.
En février 2023, le portefeuille actif de la Banque africaine de développement au Burkina Faso comportait une vingtaine de projets pour un montant total de 845 millions d'euros.