Le conseil d'administration de la Banque mondiale a approuvé un financement de deux projets pour un montant total de 600 millions de dollars. Deux projets qui ciblent les secteurs de l'agriculture, de l'énergie et de la télécommunication.
Un coup double. L'annonce a été faite dans un communiqué conjoint publié par le bureau local de la Banque mondiale, hier. Le bord de l'institution de Bretton Woods a donné son feu vert, le 30 mars, pour le financement de deux projets à hauteur de 600 millions de dollars. Les dits projets concernent l'agriculture, l'énergie et la télécommunication considérés comme porteurs de croissance. D'un montant de 400 millions de dollars, le premier est intitulé Connectivité numérique et énergétique pour l'inclusion à Madagascar. Il a déjà fait l'objet d'un teasing de la part du président de la République Andry Rajoelina, en personne, en février.
C'était durant une table ronde sur l'énergie dans le cadre du sommet de l'Union africaine (UA), à Addis-Abeba, Ethiopie. L'annonce présidentielle avait été confortée, dans la foulée, par un tweet de Marie-Chantal Uwanyiligira, représentante résidente de la Banque mondiale. Selon le communiqué conjoint d'hier, "le premier projet permettra de doubler l'accès à l'énergie, qui passera de 33,7% à 67% à Madagascar, et d'ajouter 3,4 millions d'utilisateurs de l'internet".
Dans ce sens, il compte élargir l'accès des usagers aux énergies renouvelables et aux services numériques, "en mettant l'accent sur les communautés mal desservies". À Addis-Abeba, Andry Rajoelina a indiqué que dans le cadre de ce projet de 400 millions de dollars, il y aura la construction de parcs solaires dans trente-six villes, "cette année". S'agissant du second projet, il est financé à hauteur de 200 millions de dollars. Dans son tweet, Marie- Chantal Uwanyiligira a expliqué que ces 400 millions de dollars font partie de l'initiative Electrifying Africa. Que les objectifs précités courent jusqu'à l'horizon 2030.
"Il vise à augmenter la productivité et renforcer la résilience des moyens de subsistance ruraux dans deux régions, toutes deux essentielles à la production alimentaire nationale, Alaotra-Mangoro et Sofia", ajoute le communiqué conjoint. La missive explique, du reste, que le second projet du package accordé le 30 mars dernier, soutiendra la restauration des bassins versants menée par les communautés.
Ratification parlementaire
La réhabilitation et l'amélioration de la gestion des infrastructures et des services d'irrigation sont aussi au programme. Pareillement, pour l'intensification durable de la production agricole et le renforcement des chaînes de valeur agroalimentaire prioritaires. Les chiffres avancés dans le communiqué conjoint indiquent que le projet agricole concerne cent-cinquante mille ménages.
Cent-soixante-cinq mille agriculteurs devraient bénéficier "du déploiement de bons d'intrants boostés par la blockchain et d'une formation sur l'agriculture intelligente face au climat et les pratiques agroécologiques". La réhabilitation de 30 000 hectares de périmètres irrigués, de 150 kilomètres de routes rurales sont aussi dans les plans. Le projet agricole veut également "faciliter les investissements des agriculteurs dans la micro-irrigation et la gestion durable des paysages par les communautés sur 61 000 hectares".
Les 600 millions de dollars accordés par la Banque mondiale sont sous la forme d'un crédit. De ce fait, son décaissement dépend, notamment, du feu vert du Parlement. A s'en tenir aux mots du président de la République à Addis-Abeba, en février, le plan étatique est que ce nouveau fonds mis à disposition par l'institution de Bretton Woods soit décaissé le plus tôt possible, cette année. Sans quoi, l'objectif de construire des parcs solaires dans trente-cinq villes, "cette année", risque d'être difficilement atteint.
De sources avisées, à la Banque mondiale, l'idée est également de décaisser ce nouveau financement dès cette année. Il est impératif cependant de respecter les dispositions légales et les procédures. Un ou deux projets de loi de ratification du financement des deux projets précités devraient ainsi être au programme de la première session ordinaire du Parlement qui démarre en mai. La confection du ou des textes ne devrait pas être compliquée. Le jeu risque de se corser lors de sa ou leur présentation devant l'Assemblée nationale.
À l'approche de l'élection présidentielle, l'arène politique s'agite et connaît des bouleversements. Une situation qui se répercute à la Chambre basse. Des députés de la majorité et alliés de la majorité ont changé de camp. D'autres qui sont toujours au sein de la majorité n'hésitent plus à faire part haut et fort de leur mécontentement face à des décisions ou démarches étatiques.
Dans ces mécontentements, d'éventuelles résistances lors du vote du projet de loi de finances rectificative, qui devrait également être au programme de la première session ordinaire du Parlement, sont souvent brandies comme arme de représailles. Il est probable que le ou les lois de ratification de ce nouveau financement de la Banque mondiale se retrouvent également au milieu de querelle politique qui monte en crescendo ces derniers temps. Quoi qu'il en soit, la prochaine session parlementaire sera une occasion de démontrer la cohésion et la force de la majorité.