Mali: Rapport ONU sur le calendrier électoral malien - Une piqûre de rappel qui va faire mal

Des Casques bleus de la Mission des Nations Unies au Mali (MINUSMA) patrouillent des zones sensibles, dans le centre du pays (photo d'archives).

L'Organisation des Nations unies n'est pas contente. Et elle le fait savoir.

Le secrétaire général Antonio Guterres s'est en effet inquiété du retard constaté dans le processus de retour à une vie constitutionnelle normale au Mali. Dans un rapport en date du 30 mars, il a demandé aux autorités maliennes d'accélérer la cadence. Ce ne sont effectivement pas les raisons de s'inquiéter qui manquent.

Alors que le référendum constitutionnel devait se tenir le 19 mars dernier, il a été reporté sine die au motif qu'il fallait plus de temps pour installer les différentes représentations de l'Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE) sur l'ensemble du territoire et vulgariser le projet de nouvelle Constitution.

Ce report préfigure un glissement électoral puisque cette consultation référendaire devait donner le ton de tous les scrutins à venir : les communales, les régionales et enfin les législatives et la présidentielle à l'horizon février 2024. C'est d'ailleurs l'engagement qu'avaient pris le colonel Assimi Goïta et ses hommes, même s'il y a de fortes raisons de penser que ce délai ne sera pas tenu.

Au regard du train de sénateur des transitaires maliens, on a même l'impression qu'ils ne sont pas particulièrement pressés de rendre le pouvoir aux civils. Du coup, ce ne sont pas les prétextes qui vont manquer pour justifier ce décalage, à commencer par la situation sécuritaire.

Mais si l'on s'en tient à la vulgate officielle en vigueur à Bamako, les forces combattantes maliennes montent en puissance et avec le soutien des supplétifs russes de Wagner, la situation sécuritaire se serait considérablement améliorée. Ce ne devrait donc plus être un prétexte pour un éventuel report des élections à venir.

En réalité, plus que les raisons techniques, organisationnelles, sécuritaires, etc., c'est surtout la volonté des militaires maliens de rendre le pouvoir aux civils qui semble poser problème. Entré par effraction sur la scène politique malienne par deux fois, soit respectivement en août 2020 puis en mai 2021, le colonel Assimi Goïta, poussé par ses laudateurs, se verrait bien troquer son treillis d'ancien militaire des forces spéciales contre le costume cravate strict d'un président « démocratiquement élu ».

Reste à savoir si ce qui se profile à l'horizon sera accueilli non seulement par la Maison de verre de Manhattan mais aussi par la CEDEAO. On se rappelle que si l'organisation sous-régionale avait accepté de lever les dures sanctions économiques, financières et commerciales qui frappaient le Mali, c'était en échange d'une feuille de route que les autorités maliennes elles-mêmes avaient qualifié de réaliste en son temps. Il faut donc croire qu'elle n'était pas si réaliste que ça, à moins que ce ne soit la volonté qui manque le plus dans cette affaire.

C'est toujours comme ça avec ces transitaires : on sait quand ils arrivent aux affaires mais pour les déloger de la présidence, c'est une autre paire de manches.

Si le glissement électoral devait être finalement acté, ce serait à leurs risques et périls, parlant d'Assimi Goïta et de ses partisans, qui sont pratiquement en train de lui dérouler le tapis rouge pour qu'il s'installe pour de bon sur les collines de Koulouba.

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