Mali: Crise sécuritaire - Ménaka retient son souffle !

La violence et les menaces des groupes armés continuent de déplacer les réfugiés et les civils au Mali. (photo d'archives)
analyse

L'étau des terroristes est-il en train de se resserrer autour de la région de Ménaka, dans le Nord-Est du Mali ? C'est la question que l'on est en droit de se poser, au regard de certaines informations faisant état d'un encerclement de ladite région par les djihadistes de l'Etat islamique au Grand Sahara (EIGS). Et ce, après la récente prise de localités emblématiques comme Tindermene et Inkadewane, par les forces du mal.

Une situation qui a contraint de nombreuses populations à chercher refuge dans des zones censées offrir un peu plus de sécurité. Le moins que l'on puisse dire, c'est que la région de Ménaka vit des moments difficiles. Et les populations retiennent leur souffle, craignant à tout moment une offensive imminente des insurgés islamistes. Et l'on espère que ces alertes qui paraissent à bien des égards comme autant de cris de détresse des populations de Ménaka, seront entendues.

Car, il y a lieu de croire que depuis le lancement de l'opération de reconquête du territoire lancée par les autorités de Bamako, les lignes bougent sur le terrain. Cependant, les défis restent nombreux. Surtout en ces moments où le Mali est appelé à s'assumer pleinement, après le départ de certaines forces étrangères d'appui comme par exemple les forces européennes Barkhane et Takuba, dans les conditions que l'on sait.

Il revient à Bamako de tout mettre en oeuvre pour que les Maliens ne regrettent pas le départ des soldats français

Quant aux forces onusiennes déployées sur le terrain, c'est à peine si elles ne se font pas plutôt discrètes dans un environnement où les autorités de la transition ne manquent aucune occasion de réaffirmer la souveraineté de leur pays. Autant dire qu'il revient à Bamako de tout mettre en oeuvre pour que les Maliens ne regrettent pas le départ des soldats français qui étaient justement basés dans la zone et qui ont rétrocédé leur base de Ménaka, en juin de l'année dernière, aux Forces armées maliennes (FAMa), avant de plier définitivement bagage dans les conditions que l'on sait, sur fond de vives tensions entre Bamako et Paris.

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Le challenge est d'autant plus grand pour les FAMa que cette zone, située dans la région dite des trois frontières, aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger, est connue pour être une zone de forte implantation de l'hydre terroriste qui s'en sert comme d'une base arrière pour mener des incursions meurtrières de part et d'autre des différentes frontières. Récemment encore, cette zone était le théâtre d'affrontements meurtriers entre groupes djihadistes rivaux de l'EIGS et du GSIM (Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans), tous désireux d'étendre leurs zones d'influence respectives.

C'est dire l'ampleur du défi qui se présente à l'armée malienne qui a opéré des frappes aériennes dans ladite région, le 13 mars dernier, à l'effet de « desserrer l'étau et briser l'élan des groupes terroristes », selon les termes d'un communiqué de l'Etat-major des armées. C'est dans ce contexte que le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé au respect du calendrier électoral en exhortant les autorités maliennes à oeuvrer au respect des délais convenus pour le retour à l'ordre constitutionnel normal.

A l'obnubilation de la communauté internationale par le transfert du pouvoir aux civils, doit répondre la nécessité de mobiliser les ressources nécessaires au retour de la paix

Ce, à la faveur de son rapport trimestriel sur la situation au Mali, qui était à l'ordre du jour de la session du 12 avril dernier devant le Conseil de sécurité de l'ONU. On comprend l'attachement du patron de l'ONU, au retour à l'ordre constitutionnel au Mali, dans les meilleurs délais. Et on veut bien le croire quand il affirme que cela « contribuera à poser les fondements d'une gouvernance démocratique conformément aux engagements internationaux pris par le Mali ».

On est encore plus séduit par l'argument selon lequel « cela permettra également de poursuivre les réformes en cours visant à s'attaquer aux profondes difficultés auxquelles le pays doit faire face et créera un environnement plus propice à la mobilisation de l'appui international requis afin que la stabilisation s'inscrive dans la durée ».

Mais, quel qu'en soit l'objectif, l'on est fondé à croire que cette sortie ne manquera pas de mettre une petite couche de pression sur les autorités intérimaires maliennes. Cela est peut-être de bonne guerre, mais on a envie de dire que tout cela risque d'être un voeu pieux, si le Mali, et au-delà, tous les pays du Sahel ne sont pas véritablement soutenus dans ce qui se présente aujourd'hui pour eux comme un combat pour la survie.

C'est dire qu'à l'obnubilation de la communauté internationale par le transfert du pouvoir aux civils, doit répondre la nécessité de mobiliser les ressources nécessaires au retour de la paix au Mali et dans tous les pays du Sahel aujourd'hui confrontés au défi sécuritaire en lien avec le terrorisme.

Cette hideuse hydre sanguinaire à têtes multiples et à la soif inextinguible, qui est en train de désarticuler ces pays au propre comme au figuré, au point de menacer ces Etats jusque dans les fondements de leur existence. En revanche, cela ne saurait servir d'excuse aux juntes militaires en place, pour ne pas tenir leurs engagements envers leurs peuples et envers les partenaires internationaux. C'est une question d'honneur, mais aussi de principes quant à la parole donnée.

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