La crise de la vanille en passe d'être résolue à Madagascar ? Hier jeudi 13 avril, le président Andry Rajoelina s'est rendu à Sambava, dans la Sava, la région qui produit 80 % de la vanille malgache, pour discuter avec les acteurs de la filière et opter pour une solution qui mettrait fin aux problèmes de mévente de l'épice.
A l'issue de six heures de prises de paroles animées, ponctuées par des interventions aux accents électoralistes, le président, entouré d'une importante délégation d'élus, a annoncé plusieurs décisions, qui ont, à première vue, réjoui l'assemblée venue en masse assister à un show savamment préparé.
C'est dans le gymnase flambant neuf et bondé de Sambava, face à une foule arborant teeshirts orange à son effigie et banderoles de soutien, qu'Andry Rajoelina a finalement annoncé : « Nous avons, grâce à vous, fait le choix de prendre deux-trois ou quatre décisions » : facilitation de l'obtention des agréments, libéralisation des exportations, simplification des procédures d'export, maintien d'un prix aux planteurs. À peine son annonce prononcée, le président quitte le gymnase au pas de course, laissant une population réjouie.
A Sambava, les ventes de l'épice influent directement sur leur niveau de vie des habitants et tous ici attendaient une proposition de changement pour tenter d'enrayer la crise.
Nirina Ratsimbaholison, membre du Syndicat des exportateurs de la vanille de Madagascar, a lui-même plaidé hier, face au public, en ce sens : « il faut libéraliser parce que c'est la loi de l'offre et de la demande. Il ne faut pas forcer le prix de 250 $. C'est trop haut par rapport au cours international. Résultat, les importateurs cherchent des pays producteurs concurrents à Madagascar. »
Seulement, cette annonce est loin de faire l'unanimité. « C'est une non-solution au problème de mévente de vanille », regrettent plusieurs planteurs et exportateurs, parmi les plus gros de la filière. Ces derniers considèrent en effet que le prix élevé du kilo de vanille malgache à l'export n'est pas à l'origine de la crise. Pour eux, la campagne précédente exceptionnelle et les stocks engrangés, encore très élevés chez les industriels, seraient la cause de cette absence momentanée de marché. Avec elle, l'incertitude créée par la crise mondiale du pouvoir d'achat n'aidant certainement pas à favoriser la consommation de l'épice noire...
Aussi, malgré tous les espoirs, l'embellie dans la filière pourrait bien être encore un peu retardée. Des précisions suite aux annonces du président devraient être apportées sous peu.