Directe, franche et sans filtre. Andry Rajoelina prend ses responsabilités et décide de se rendre dans la Région SAVA pour trouver une solution définitive aux problèmes du secteur vanille.
Hier, le Chef de l'Etat a effectué un déplacement à Sambava pour rencontrer tous les acteurs, à savoir les collecteurs, les exportateurs, les préparateurs et les planteurs. Une séance de démocratie directe a été organisée durant laquelle le locataire d'Iavoloha a demandé aux participants de tout dire et tout révéler sans retenue ni tabou. Un fitsaram-bahoaka, au propre comme au figuré, qui a permis à certains participants d'affirmer publiquement que le président de la République ne connaît pas la réalité concernant la filière car il se fait manipuler et tromper par certaines personnes qui profitent de cette situation de cacophonie. Les opérateurs ont notamment dénoncé les blocages et les difficultés qu'ils rencontrent.
Notamment à propos de la mesure prise par le ministère du Commerce qui impose une contre-visite des produits à Antananarivo. Une mesure anti-commerciale, selon le président Andry Rajoelina. Et ce, dans la mesure où non seulement le contrôle se fait en l'absence des propriétaires, mais aussi on leur demande d'enlever les sous-vides. Questionné sur le motif de cette exigence, le Directeur général du Commerce a dénoncé l'existence de tromperies et de tricheries au sein de la filière. Les produits proposés ne reflètent pas forcément ce qui est annoncé dans les dossiers d'exportation, explique-t-il.
Les participants à cette rencontre ont aussi dénoncé les difficultés relatives à l'octroi d'agrément. Sur 400 demandes reçues l'année dernière, 88 ont obtenu un agrément. Mais selon le Chef de l'Etat, ils n'ont pas respecté les engagements de rapatriement de devises et l'achat des stocks auprès des planteurs. Quoiqu'il en soit, les différentes interventions d'hier ont permis de découvrir qu'il est difficile voire impossible de trouver un consensus entre les différents acteurs. On peut quand même affirmer que le président Andry Rajoelina a réussi son pari d'apporter une solution. Bon nombre des acteurs de la filière vanille n'ont pas hésité à qualifier cet évènement de « rencontre de l'espoir ».
En effet, à l'issue de presque une journée entière de consultation, le président a annoncé la décision relative à la libéralisation du secteur vanille à Madagascar. Mais il s'agit d'une libéralisation sous conditions. En effet, Andry Rajoelina a annoncé la facilitation de la procédure d'octroi d'agrément et a déclaré que le traitement des dossiers va être effectué en 48h. Toutefois, chaque opérateur doit signer une convention prévoyant une obligation d'achat des stocks de vanille auprès des planteurs, et le respect du système de rapatriement de devises. Aussi, les exportateurs doivent-ils mettre 70% de leurs gains sur le marché interbancaire de devises. Le Chef de l'Etat a aussi annoncé la fin de la contre-visite. Il a accepté la décentralisation du contrôle qui consiste à la responsabilisation des autorités locales dans le contrôle des produits destinés à l'exportation. Cependant, un comité composé du ministère du Commerce, la Présidence de la République et les autorités régionales va être mis en place pour le faire.
Durant sa rencontre avec la population de la Région SAVA qui s'est déroulée au gymnase de Sambava, le président Andry Rajoelina a offert un Bajaj au chauffeur de Bajaj qui s'est fait violenter parce qu'il a porté un tee shirt à l'effigie d'Andry Rajoelina. Il a aussi pardonné les deux hommes, auteurs de cet acte de violence. Le Chef de l'Etat a même donné une instruction au Premier ministre afin de libérer ces deux hommes immédiatement. La présence des deux chefs de l'Exécutif à Sambava lors de cette rencontre démontre l'importance de la résolution de ce problème aux yeux des tenants du pouvoir. Outre le ministre Tokely Justin, plusieurs parlementaires ont également accompagné le président lors de ce déplacement. A noter aussi la distribution de motos pour tous les maires et chefs d'arrondissement dans la Région SAVA.