Tunisie: À Tunis, la société civile se fait le porte-parole de migrants subsahariens mis en cause dans des violences

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Des militants de la société civile tunisienne se sont fait les porte-paroles ce 13 avril 2023 à Tunis de migrants subsahariens qui ont préféré garder le silence suite à des arrestations dans leurs rangs. Parmi ces derniers, certains ont été mis en cause dans des violences qui avaient éclaté aux abords des locaux du Haut-Commissariat pour les réfugiés le 11 avril.

Deux jours après les violences qui ont éclaté à Tunis, aux abords des locaux du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), des demandeurs d'asile et migrants originaires de pays subsahariens avaient prévu de prendre la parole ce 13 avril 2023 pour donner leur version des faits.

Mais, après les nombreuses arrestations dans leurs rangs, ils ont finalement préféré garder le silence et ont chargé des militants de la société civile tunisienne de se faire leurs porte-paroles. Une prise de position qui fait suite à celle du HCR et du ministère de l'Intérieur tunisien.

L'organisation onusienne, comme les autorités tunisiennes, accusent les migrants d'être à l'origine des violences qui ont émaillé la journée de mardi.

« Les délits commis l'ont été à titre individuel, la peine doit donc être individuelle aussi »

Les images de voitures saccagées à coups de bâtons sont encore dans tous les esprits, en Tunisie. Devant une trentaine de journalistes, Romdhane Ben Amor, du Forum tunisien des droits économiques et sociaux, tente de remettre ces violences dans leur contexte : « Les délits commis l'ont été à titre individuel. La peine doit donc être individuelle aussi. Ce n'est pas à l'intégralité de la communauté de porter le fardeau de ces délits. Il y a quelques jours, un Tunisien de Berlin a commis un homicide. Ça ne veut pas dire que tous les Tunisiens sont des criminels. L'Allemagne ne va pas demander le départ de tous les immigrés tunisiens. »

En plus de la demande d'un procès équitable, la société civile tunisienne souhaite aussi qu'une solution soit trouvée pour les milliers de ressortissants subsahariens présents en Tunisie et dont la vie a basculé depuis le discours du Président Kaïs Saïed en février dernier.

Celui-ci avait alors dénoncé un supposé complot migratoire, visant à altérer l'identité arabo-musulmane de la Tunisie. « Nous devons être francs désormais : la Tunisie n'est plus un pays sûr pour les réfugiés et les demandeurs d'asile, poursuit Romdhane Ben Amor. Ils ne peuvent pas travailler, ils ne peuvent pas non plus se loger car les propriétaires tunisiens sont sous pression de l'État. La situation sécuritaire actuelle et les violences subies par ces migrants font que ceux qui devaient s'exprimer aujourd'hui devant vous n'ont pas pu le faire ».

Selon Avocats sans frontières, trente-deux personnes - majoritairement soudanaises - ont été placées en détention préventive en attente de leur comparution la semaine prochaine pour des faits de violences.

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