Zambie: Des experts s'inquiètent des retards dans la restructuration de la dette

PNUD/Karin Schermbucker Des panneaux solaires fournissent des sources d'énergie rentables, durables et fiables, dans un centre de santé du district de Shibuyunji, en Zambie. (archive)
17 Avril 2023

Des experts de l'ONU ont exprimé lundi leur profonde inquiétude concernant les retards pris dans la conclusion d'un accord sur la restructuration de la dette de la Zambie et par l'impact négatif sur la vie des populations.

« Nous craignons que, malgré les réformes positives entreprises par le gouvernement zambien, les retards dans la restructuration de la dette souveraine compromettent sa capacité à mobiliser et à maximiser les ressources pour la pleine réalisation des droits de l'homme, conformément aux obligations qui lui incombent en vertu du droit international des droits de l'homme », ont déclaré dans un communiqué, Attiya Waris, Experte indépendante sur les effets de la dette extérieure et les droits de l'homme ; Saad Alfarargi, Rapporteur spécial sur le droit au développement ; et Olivier de Schutter, Rapporteur spécial sur l'extrême pauvreté.

Selon les rapports des médias et des données du gouvernement zambien, la dette extérieure de ce pays d'Afrique australe s'élevait à 17 milliards de dollars à la fin de l'année 2021, dont un tiers était dû à la Chine. En août 2022, la Zambie a obtenu du Fonds monétaire international (FMI) une facilité de crédit élargie de 38 mois d'un montant de 1,3 milliard.

Tous les partenaires doivent s'impliquer

À l'issue de la première revue de ce programme, le 6 avril 2023, la mission du FMI a reconnu les progrès réalisés par le pays grâce à de solides réformes structurelles, fiscales et autres.

« Cependant, les retards persistants dans la restructuration de la dette posent des risques réels de régression, y compris en ce qui concerne le programme de transformation économique du pays et les aspirations à un meilleur niveau de vie pour sa population », ont regretté les experts.

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Ils ont exhorté le Comité officiel des créanciers de la Zambie à fixer et à partager un calendrier concret pour la conclusion de ses délibérations. « L'une des principales raisons de ce retard dans la restructuration de la dette est l'absence d'un mécanisme multilatéral de la dette souveraine coordonné au niveau mondial, qui place les prêteurs traditionnels et privés sur un pied d'égalité », ont-ils affirmé.

Car malgré les mesures proactives prises par la Zambie, il ne fait aucun doute que ce retard affectera l'efficacité du programme de facilité de crédit. « Il existe une fenêtre d'opportunité en 2023 pour permettre à la Zambie et à son peuple de consolider les succès récents et tous les partenaires de la Zambie doivent s'impliquer », ont fait valoir les experts.

Pour la mise en place d'un mécanisme multilatéral de la dette souveraine

D'autant qu'en dépit de l'augmentation des dépenses sociales, les dividendes économiques des réformes soutenues et de l'allègement de la dette iront beaucoup plus loin dans la création de conditions et d'opportunités sur lesquelles la population zambienne pourra capitaliser.

Selon un rapport du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) datant de 2022, plus de 54 pays à revenu faible ou intermédiaire sont en situation de surendettement critique et ont besoin d'un allègement urgent. Le fardeau de la dette et la priorité accordée au service de la dette conduisent à des politiques d'austérité qui contreviennent aux obligations internationales des États en matière de droits de l'homme, y compris leur droit à la restructuration de la dette souveraine.

Les experts indépendants onusiens ont donc appelé à la mise en place d'un mécanisme multilatéral de la dette souveraine sous l'égide des Nations Unies, guidé par les cadres et principes existants en matière de droits de l'homme, afin d'assurer un redressement conforme aux droits pour les pays souffrant de surendettement et d'une marge de manoeuvre budgétaire réduite. Les experts sont en contact avec les parties prenantes concernées, y compris les prêteurs privés, au sujet de l'impact du niveau insoutenable de la dette souveraine sur la capacité du pays à garantir la réalisation des droits de l'homme de sa population.

NOTE

Les Rapporteurs spéciaux font partie de ce que l'on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme. Les procédures spéciales, le plus grand corps d'experts indépendants du système des droits de l'homme des Nations Unies, est le nom général donné aux mécanismes indépendants d'établissement des faits et de suivi du Conseil qui traitent soit de situations spécifiques à des pays, soit de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire; ils ne font pas partie du personnel de l'ONU et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et siègent à titre individuel.

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