L'inquiétude monte au Soudan du Sud face au conflit en cours au Soudan. Car malgré l'indépendance du pays en 2011, les deux Soudans entretiennent des liens très forts. Des liens notamment économiques.
Le Soudan du Sud, lors de sa sécession, a en effet conservé sur son territoire une grande partie des champs et des réserves pétrolières du Soudan unifié. Mais Juba dépend toujours de Khartoum pour l'exportation de son pétrole, par un pipeline qui transite jusqu'à Port Soudan. En cas d'interruption, les revenus de l'État sud-soudanais seraient presque totalement asséchés.
Interdépendants, les deux Soudans le sont à cause du pétrole, mais pas seulement. Khartoum contrôle toujours l'espace aérien du Soudan du Sud. Ainsi, au début de la crise, de fausses rumeurs annonçant la fermeture de l'aéroport international de Juba avaient circulé.
« Ce conflit risque fortement de déstabiliser le Soudan du Sud économiquement et politiquement », estime Edmond Yakani, qui dirige l'organisation de la société civile CEPO. Si ces dernières années, les deux Soudans ont mutuellement joué les médiateurs dans la résolution de leurs crises internes respectives, les combats en cours au Soudan pourraient bien se répercuter sur le très fragile équilibre sud-soudanais. Alors que Salva Kiir est à la tête d'une initiative de médiation régionale, il devrait plutôt, pour Edmond Yakani, « nommer un émissaire neutre, accepté par les deux camps » qui s'affrontent actuellement au Soudan.
Grande inquiétude aussi pour les 804 000 réfugiés Sud-Soudanais qui vivent au Soudan. Alors que des initiatives commencent à voir le jour pour demander leur rapatriement, certains n'ont pas attendu : selon le HCR, ils sont déjà « quelques centaines » à avoir fait le trajet depuis Khartoum par leurs propres moyens, jusqu'à Renk, à la frontière sud-soudanaise.