Sénégal: Divorce entre Macky Sall et Idrissa Seck - Le choc des ambitions ?

Dans un entretien avec le média français L’Express, il est est demandé au chef de L’Etat, Macky Sall, s’il serait candidat à sa succession en février 2024. Cette question est à l'originne de son "divorce" avec Idrissa Seck qui était l'un des ses principaux alliés dans la coalition présidentielle
analyse

Le président du parti Rewmi, Idrissa Seck, a annoncé, le 22 avril 2023, sa démission de la coalition Benno Bokk Yakaar et de la tête du Conseil économique, social et environnemental. Ses deux ministres, à savoir Yankhoba Diatara des Sports et Aly Saleh Diop de l'Elevage, ont aussi annoncé leur départ du gouvernement, le lundi 24 avril.

En claquant la porte de la majorité présidentielle de cette manière, l'ancien Premier ministre met du sable dans le thiebou djenne de Macky Sall. Un divorce qui risque de faire date, surtout que nous sommes à dix mois de la présidentielle. Mais, Macky Sall ne peut s'en prendre qu'à lui-même.

Plutôt que de clarifier sa position par rapport au troisième mandat afin de créer plus de sérénité au sein de ses cadres, il continue d'entretenir le flou. Il ne fait aucun doute que la démission de Idrissa Seck traduit un choc des ambitions. On est d'autant plus en droit de le penser que l'homme politique a, dans la foulée, annoncé de façon officielle sa candidature à la présidentielle de février 2024.

C'est dire si le bloc formé par la coalition Benno Bokk Yakaar se fissure de plus en plus. Et c'est l'opposition qui promet de se mettre en rangs serrés pour barrer la route à Macky Sall en cas de passage en force, qui se frotte les mains. C'est dire si le natif de Fatick qui dit prendre acte de la démission de son désormais ex-allié, doit avoir du souci à se faire.

Car, à ce rythme, il risque de se retrouver avec une portion congrue de cadres puisque son ancienne Première ministre, la tonitruante députée, Aminata Touré, avait aussi quitté avec fracas, le navire. Si Idrissa Seck n'a pas encore décoché la flèche du Parthes, Mimi Touré n'avait pas, quant à elle, hésité à voler dans les plumes de Macky Sall en exigeant surtout de lui, le respect de la Constitution.

Après Mini Touré, Idrissa Seck... à qui le tour ?

C'est à croire que le poids des ambitions est train de plomber l'unité de la coalition Benno Bokk Yakaar. Macky Sall saura-t-il éviter le naufrage qui se pointe à l'horizon ? Tout laisse croire que le locataire du palais de Dakar veut jouer la montre, oubliant qu'il joue avec le feu. Comme le dit l'adage, « on n'apprend pas au vieux singe à faire des grimaces ».

Pour avoir été tête de proue de l'opposition qui a chassé Abdoulaye Wade du pouvoir en 2012, Macky Sall serait mal inspiré, après deux mandats consécutifs, de vouloir prolonger son bail à la tête de l'Etat sénégalais. S'il souhaite sortir par la grande porte, il doit résister à cette tentation de troisième mandat.

Nombre de ceux qui ont voulu ruser avec le peuple l'ont appris à leurs dépens et ce n'est pas lui qui pourrait y échapper. Macky Sall ne doit pas sacrifier l'unité de sa coalition et la stabilité du Sénégal sur l'autel de ses intérêts personnels. Cela dit, quelles chances Idrissa Seck a-t-il de briguer la magistrature suprême ?

C'est vrai qu'il ne compte pas pour du beurre sur l'échiquier politique sénégalais mais pourra-t-il faire le poids face au candidat du pouvoir qui devrait disposer de tous les moyens de l'Etat ? Va-t-il plutôt rejoindre l'opposition dont le candidat semble déjà connu en la personne de Ousmane Sonko? Idrissa Seck veut-il se positionner comme un faiseur de roi ? C'est le wait and see.

En tous les cas, si Idrissa Seck a décidé de quitter la table du seigneur avec ses convives, c'est qu'il vise plus grand. Et étant donné qu'on est en politique, rien n'est impossible. Cela dit, après Mini Touré, Idrissa Seck... à qui le tour ?

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