En décembre 2022, à Tanger, au Maroc, à l'occasion de la 16e reconstitution des ressources du Fonds africain de développement, la Banque africaine de développement et ses partenaires ont décidé de créer un Guichet d'action climatique destiné aux pays à faible revenu. Ce qui inclue donc les 37 pays membres du Fonds africain de développement, qui figurent aussi parmi les plus fragiles et vulnérables au monde face aux changements climatiques.
En effet, selon le dernier indice de vulnérabilité climatique 2022 réalisée par l'Université Notre Dame de l'Indiana (États-Unis), 9 des 10 pays les plus vulnérables aux changements climatiques dans le monde sont africains. Il s'agit notamment de l'Érythrée, de la Guinée Bissau, du Liberia, du Niger, de la République Centrafricaine, de la République Démocratique du Congo, du Soudan, du Tchad et du Zimbabwe. Le dernier rapport du Groupe intergouvernemental de l'ONU sur l'évolution du climat qui vient de paraitre (GIEC, 2023) confirme que l'Afrique de l'Ouest, l'Afrique de l'Est et l'Afrique Centrale sont parmi les « points chauds » mondiaux en matière de vulnérabilité humaine face aux changements climatiques.
L'Afrique, qui, donc, souffre le plus des effets des changements climatiques - alors qu'elle pollue le moins, pesant pour 2,8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre - est le continent qui reçoit le moins de financements climatiques : moins de 3 % du total de la finance climatique mondiale.
C'est pour répondre à cette impérieuse nécessité d'accélérer la mobilisation de la finance climatique pour appuyer les efforts de développement de l'Afrique et promouvoir une trajectoire de développement résilient et sobre en carbone, que le Groupe de la Banque africaine de développement et ses partenaires ont approuvé une enveloppe de 8,9 milliards de dollars pour le FAD-16 (soit une augmentation de 14,24 % par rapport aux 7,4 milliards de dollars du FAD-15). 429 millions de dollars de cette enveloppe sont retenus comme la contribution initiale à ce nouveau guichet climatique. Le processus de mobilisation de ressources pour ce nouveau guichet climat se poursuit, avec l'objectif d'atteindre de 4 à 13 milliards de dollars aussi bien des partenaires traditionnels que non traditionnels, étatiques et non étatiques, y compris le secteur privé, les fondations, etc.
« Les pays africains à faible revenu sont les plus vulnérables et les moins préparés à faire face aux changements climatiques », avait fait observer le président du Groupe de la Banque M. Akinwumi Adesina, lors de la réunion de reconstitution des ressources du FAD-16. Il avait ajouté que « le FAD-16 soutiendra le développement d'infrastructures de qualité durables et résilientes aux changements ».
Quel impact pour ce nouveau guichet ?
Le nouveau Guichet d'action climatique du Fonds africain de développement est structuré autour de trois composantes : l'adaptation (75 % des ressources), l'atténuation (15 %) et l'assistance technique (10 %). Il couvre six secteurs : l'agriculture et la sécurité alimentaire ; la sécurité des ressources hydriques ; les services et informations climatiques ; le transport et les infrastructures résilients et sobres en carbone ; l'énergie verte ; et la finance verte. Le guichet aura des impacts significatifs, notamment en fournissant un accès à des technologies agricoles résilientes au climat à quelque 20 millions d'agriculteurs dans 30 pays membres du FAD. Il leur proposera aussi une assurance-récolte indexée sur les conditions météorologiques ; et permettra de remettre en état 1 million d'hectares de terres dégradées, de fournir des services d'approvisionnement en eau, d'assainissement et de santé durables et résilients à 18 millions de personnes supplémentaires, outre de l'énergie renouvelable à 9,5 millions de personnes environ. La composante d'appui technique du guichet aidera, quant à elle, les pays récipiendaires du Fonds africain de développement à concevoir et ajuster leurs politiques et stratégies climatiques nationales, à instaurer un environnement propice aux investissements climatiques et à développer des projets viables, prêts pour l'investissement. Elle les aidera aussi à accéder à d'autres sources de finance climatique mondiale.
« Le Guichet d'action climatique et notre engagement à consacrer 40 % du financement de base du FAD-16 à la finance climatique contribueront à renforcer la résilience climatique de l'Afrique », avait souligné M. Adesina après l'approbation du nouveau guichet.
Le Guichet d'action climatique du FAD vient étoffer l'éventail des initiatives existantes de la banque, tel que le Programme d'accélération de l'adaptation climatique en Afrique lancé en 2021, en partenariat avec le Centre mondial sur l'adaptation. Ambitieux programme transformateur destiné à accélérer l'adaptation climatique en Afrique, il sera doté de 25 milliards de dollars d'ici à 2025. La banque, qui s'est engagée à y contribuer à hauteur de 12,5 milliards de dollars à ce programme, poursuit le travail de mobilisation des ressources de ses partenaires. Ces financements permettront d'accélérer l'adaptation aux changements climatiques, grâce au déploiement de technologies numériques intelligentes propices à l'agriculture et à la sécurité alimentaire, d'investir dans des infrastructures climato-résilientes, d'encourager l'entrepreneuriat des jeunes et la création d'emplois dans le domaine de l'adaptation et de la résilience climatiques et d'appuyer les initiatives financières innovantes.
« L'adaptation aux changements climatiques en Afrique constitue la priorité numéro un de la Banque africaine de développement, dans le cadre de son nouveau cadre stratégique sur les changements climatiques et la croissance verte que le Conseil d'administration a adopté en octobre 2021, rappelle Anthony Nyong, directeur du Département des changements climatiques et de la croissance verte à la Banque africaine de développement. La banque, avec des programmes transformateurs comme le Programme d'accélération de l'adaptation en Afrique, est en train de montrer la voie au reste du monde quant à l'urgence et l'importance d'investir dans l'adaptation climatique en Afrique ».
Le Guichet d'action climatique devrait faire l'objet d'échanges entre les gouverneurs de la banque lors des Assemblées annuelles du Groupe de la Banque africaine de développement qui se tiendront du 22 au 26 mai prochain, sur le thème, « Mobiliser les financements du secteur privé en faveur du climat et de la croissance verte en Afrique ». Ce forum couvre à la fois la 58e Assemblée annuelle de la Banque africaine de développement et la 49e réunion du Fonds africain de développement, le guichet concessionnel du Groupe de la Banque.
Allocution d'ouverture de M. Adesina à la 16e réunion de reconstitution des ressources du FAD
Discours de clôture de M. Adesina à la 16e réunion de reconstitution des ressources du FAD