Au Kenya, le « massacre de Shakahola » comme il est désormais qualifié, continue de mobiliser le pays. À travers sa secte, l'Église Internationale de Bonne Nouvelle, le pasteur autoproclamé, Paul Mackenzie, invitait ses fidèles à jeûner pour « rencontrer Jésus ». Il doit comparaître devant la justice ce mardi matin.
Depuis une dizaine de jours, les enquêteurs passent au peigne fin le terrain de Paul Mackenzie dans la forêt de Shakahola, près de la ville de Malindi, dans l'est du Kenya. 109 dépouilles ont déjà été retrouvées, présumées être des fidèles. Lundi, les fouilles ont été suspendues pour cause de fortes pluies, mais les autopsies des corps retrouvés ont, elles, débuté. Leurs résultats sont très attendus pour l'enquête.
Depuis le début des fouilles, l'affaire suscite en tout cas beaucoup de questions. Pourquoi les signalements n'ont pas fonctionné ? Comment un tel drame a pu se dérouler sans que personne n'intervienne ? Le ministre de l'Intérieur kényan, Kithure Kindiki, a évoqué ces potentielles failles lundi devant la presse, lors d'une visite à la morgue de l'hôpital de Malindi. Il a expliqué que le gouvernement avait décidé de mettre sur pied une commission d'enquête.
Des signes de blessures sur certains corps
« Nous avons transféré tous les agents publics qui étaient en poste lorsque les évènements à Shakahola ont eu lieu. Aucune agence n'a été épargnée, du gouvernement national à l'échelle locale, en passant par la police, les affaires criminelles ou encore les services de renseignements, a insisté le ministre. La commission d'enquête aura pour rôle d'enquêter, mais aussi de formuler des recommandations sur les actions à prendre à l'encontre de tout agent dont les actions, le manque d'action ou la négligence auraient pu permettre la mort de tant de personnes. »
Les autopsies devraient durer une semaine d'après le ministre. Les enquêteurs ont des doutes sur les causes des décès, car certains corps ont été retrouvés avec des signes de blessures. Il y aura en parallèle des opérations d'identification des dépouilles par prélèvement ADN. Des résultats très attendus par les familles, qui attendent à Malindi dans l'espoir d'avoir des nouvelles de leurs proches disparus.
Un deuxième pasteur, Ezekiel Odero, a été arrêté jeudi dernier à Mombasa, ville portuaire de l'est du Kenya, en lien avec les « morts suspectes » de ses adeptes. Il doit aussi comparaitre devant la justice ce mardi 2 mai. Les enquêteurs ont expliqué étudier les liens entre les deux affaires.