Afrique: Guerre au Soudan - L'exode des habitants crée des défis additionnels pour les pays voisins

Des femmes attendent sous le soleil une distribution alimentaire du Programme alimentaire mondial, à Koufroun, près de la frontière soudanaise, le 29 avril 2023.

Les affrontements continuent de faire rage au Soudan depuis le 15 avril entre l'armée régulière et les paramilitaires. Des bombardements quotidiens ont contraint des dizaines des milliers de Soudanais à fuir dans les pays voisins, tandis que les Etats étrangers dont ceux de l'Union européennes, d'Asie, d'Afrique et les pays arabes procèdent à des évacuations massives de leurs ressortissants.

Le Soudan partage des frontières avec le Soudan du Sud, le Tchad, l'Egypte, l'Ethiopie, l'Erythrée, la Libye et la République centrafricaine. Les combats qui y sévissent ont déjà provoqué un exode massif dans ce pays de 45 millions d'habitants chez ses voisins. Les gens quittent aussi les villes où des combats acharnés opposent les belligérants pour se rendre à l'intérieur du pays ou dans la région. Au total, plus de 75000 personnes ont été déplacées à l'intérieur du Soudan, suite aux combats meurtriers, et ce nombre devrait augmenter dans les jours à venir, selon le bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires. Pourtant, avant le conflit, il y avait 3,7 millions de personnes déplacées à l'intérieur de ce vaste pays, la plupart dans l'Ouest du Darfour.

Face à cette situation, et tenant compte de plus de 20 000 personnes qui se sont déjà rendues au Tchad - un nombre qui pourrait s'élever à 100 000 -, mais aussi de 14 000 qui se trouvent au Soudan du Sud, l'Organisation des Nations unies (ONU) estime qu'au total, 270 000 personnes pourraient fuir dans ces deux pays. Près de 17 000 personnes sont déjà arrivées en Egypte alors que l'Ethiopie a accueilli plus de 3500 personnes de plus de trente-cinq nationalités.

La Centrafrique enregistre déjà autour de 1500 personnes. Pour ce qui est de la Libye, ses autorités disent n'avoir pas noté d'augmentation significative des entrées en provenance du Soudan. Quant à l'Erythrée, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) avance ne pas disposer de données concernant ce pays. Hors de la région, l'Arabie saoudite a reçu des milliers de personnes évacuées par bateau depuis le port-Soudan. Un millier de de Soudanais pourraient fuir leur pays, prévoit l'ONU.

%

Avec les nouveaux arrivants dans leur pays, les autorités tchadiennes sont déjà confrontées à de sérieuses difficultés d'accueil puisque ceux-ci s'ajoutent à plus de 400 000 réfugiés qui y vivaient avant l'actuelle guerre soudanaise. Ce qui représente un défi additionnel pour les services publics et les ressources du pays, déjà fortement sollicités. De plus, l'arrivée prochaine des pluies va compliquer l'acheminement de l'aide vers la zone frontalière.

La situation est tout aussi critique dans d'autres nations limitrophes puisque parmi les personnes qui fuient la guerre se trouve 1,13 million de réfugiés qu'accueillait le Soudan avant les récents combats meurtriers.

La poursuite des combats inquiète les Etats limitrophes

Le nombre élevé de réfugiés au Soudan en faisait l'un des principaux pays d'accueil en Afrique. Quant aux gens qui ne peuvent pas quitter Khartoum, une capitale de plus de cinq millions d'habitants, il faut noter qu'ils tentent de survivre privés d'eau et d'électricité, soumis aux pénuries de nourriture et aux coupures téléphoniques et d'internet.

Les affrontements qui opposent les partisans du général Abdel Fattah Al-Burhane, chef de l'armée et président du Soudan depuis le putsch de 2021 à ceux du général Mohamed Hamdane Daglo dit « Hemedti », inquiètent au plus haut niveau les Etats voisins qui craignent que cette lutte pour le pouvoir se transforme en une longue guerre civile, réduisant le Soudan à un État défaillant. Les gouvernements de ces Etats redoutent aussi le risque de désintégration du vaste pays qu'est le Soudan, ce qui sera une vraie menace pour leur sécurité et celle de l'ensemble de la région.

Le conflit qui a déjà coûté la vie à plus de 500 personnes et fait quelque 5000 blessés risque d'« envahir toute la région et au-delà », a prévenu le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. « Les combats qui se poursuivent au Soudan devraient provoquer de nouveaux déplacements à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Nous intensifions nos efforts pour aider les personnes en quête de sécurité », a indiqué le HCR. L'agence de l'ONU assure, par ailleurs, qu'elle se prépare, avec les partenaires et les gouvernements des pays de la région, à la possibilité que des milliers de personnes fuient le Soudan.

Réagissant à la persistance des combats, l'Union africaine a mis en garde contre un « risque de déflagration régionale et d'internationalisation du conflit ». Le président de la commission de l'organisation continentale, Moussa Faki Mahamat, a renouvelé l'appel aux pays voisins du Soudan, aux agences régionales et mondiales compétentes « pour faciliter le transit et la sécurité des civils traversant leurs frontières sans entrave ».

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.