Soudan: Les réfugiés affluent dans les pays voisins qui ont besoin d'aide pour les accueillir, alerte l'ONU

Le camp de réfugiés soudanais de Moura-Kouchaguine, près d'Abéché dans l'Est du Tchad, le mercredi 19 avril 2023

Au Soudan, les deux camps ont convenu d'un cessez-le-feu de 7 jours à partir de demain, jeudi 4 mai, après une médiation de Salva Kiir, le président du Soudan du Sud, au nom de l'Igad, l'Autorité intergouvernementale pour le développement. En attendant, les Soudanais sont de plus en plus nombreux à fuir. Plus de 100000 sont déjà partis se réfugier à l'étranger. Et l'ONU s'attend à ce que l'exode s'amplifie dans les prochaines semaines d'autant que, jusqu'ici, aucun cessez-le-feu n'a été vraiment respecté.

Ce sont l'Égypte et le Tchad qui ont enregistré le plus d'arrivées. Mais un nombre conséquent de personnes se dirigent également au Soudan du Sud. Souvent des Sud-Soudanais qui étaient eux même réfugiés chez leur voisin du Nord. Quelque 1000 personnes se pressent aussi chaque jour à la frontière éthiopienne.

Et il faut rajouter à cela plus de 334000 déplacés internes, nous explique Paul Dillon, de l'Organisation internationale pour les migrations « Pour vous donner une idée de l'ampleur de ce qui se passe, nous avons enregistré plus de déplacés liés aux violences en deux semaines que pendant toute l'année dernière ».

À terme, l'ONU table sur le chiffre astronomique de 800,000 nouveaux exilés à l'étranger. C'est quasiment autant que le nombre de réfugiés présents au Soudan. Et les besoins sont énormes. Jens Laerke, du bureau des affaires humanitaires de l'ONU, rappelle que le programme d'assistance au Soudan n'était financé qu'à 14 % quand les hostilités ont éclaté. « Nous appelons tous les donateurs à fournir rapidement l'argent nécessaire aux organisations humanitaires, qui luttaient déjà avant le conflit pour répondre aux besoins. Sans cet argent, elles ne peuvent tout simplement rien faire ».

Le problème est le même pour les pays voisins du Soudan et qui reçoivent les réfugiés. Le plan d'assistance humanitaire au Soudan du Sud n'est financé qu'à 25 %. Pour le Tchad, c'est pire, avec 3 % seulement récoltés.

Des Ivoiriens évacués du Soudan vers l'Égypte

Des dizaines de milliers de personnes continuent de fuir le Soudan, beaucoup en direction de l'Égypte. Plus de 14 000 Soudanais ont traversé la frontière Nord pour rejoindre le territoire égyptien, plus au moins 2 000 personnes d'autres nationalités. C'est le cas d'une partie de la communauté ivoirienne. L'ambassade de Côte d'Ivoire au Caire a affrété un bus à la frontière soudano-égyptienne le week-end dernier pour procéder à l'évacuation de ses ressortissants. Tous sont désormais logés dans un hôtel du Caire et ont été reçus hier, mardi 2 mai, à l'ambassade pour un moment de convivialité.

Ils sont une cinquantaine, attablés dans le patio de l'ambassade ivoirienne en Égypte. L'ambassadeur, Timothée Ezouan, leur adresse quelques mots de réconfort accueillis par des applaudissements. « Mesdames et messieurs, la raison de ma joie, c'est de vous voir réunis sains et saufs. Vous êtes définitivement hors de danger. Je vous remercie. »

La convivialité d'un repas après des semaines de terreur comme nous le raconte Fofie Ouattara, qui a vécu 25 ans à Khartoum,. Ses souvenirs des récents combats sont encore très vifs, explique-t-il au micro d'Alice Moreno pour RFI. « On était dans la maison et on a entendu des coups de fusil partout. C'était vraiment choquant. »

Il a coordonné l'opération d'évacuation avec l'ambassade et géré le regroupement de la communauté à Khartoum, puis le trajet en bus jusqu'au Caire qui a duré quatre jours. « Finalement, on a évacué. Il y avait beaucoup d'embouteillages là-bas. Avec la fatigue, le trajet était vraiment dur. »

Beaucoup d'étudiants ivoiriens ont aussi dû quitter l'université de Khartoum en catastrophe comme Keïta qui y faisait une licence en pharmacie. « Franchement, le Soudan, c'est un beau pays. Les Soudanais sont très accueillants, et ça me rend triste qu'il y ait cette guerre-là au Soudan. »

L'ambassadeur organise la suite des opérations. Il attend des billets d'avion pour chacun des ressortissants à destination d'Abidjan.

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