À l'extrême est du Tchad, plus de 20 000 Soudanais fuyant les combats se sont réfugiés dans le village de Koufroun, selon le Haut-commissariat des réfugiés de l'ONU. Si la réponse humanitaire est en marche et les distributions de vivres ont commencé, chaque jour des familles continuent d'arriver, un défi pour les humanitaires alors que les populations sont dans des situations d'extrême besoin.
À la frontière entre le Tchad et le Soudan, souffle un vent poussiéreux, sec et brulant. Transportant quatre enfants sur une petite charrette, Dahbaye Yaya franchit les derniers mètres qui la séparent du Tchad : « Là-bas au Soudan, les combats continuent, il n'y a pas de trêve. On tue les gens, on brûle leurs maisons, moi ils ont incendié mes récoltes. Les hommes ont fui, l'armée a fui, nous avons tous fui, Il y a eu beaucoup de morts. Je veux rester ici au Tchad, je ne vais pas repartir là-bas, j'ai tout perdu. »
Moins d'une semaine après le début du conflit, le Programme alimentaire mondial (PAM) a commencé ses distributions de vivres sous la supervision de sa responsable des urgences Zo Eorintany : « On voit des gens qui n'arrivent même pas à se lever, c'est parmi les choses les plus difficiles dans ce travail. Il y a d'autres personnes qui viennent ici parce qu'ils ont faim et ils ont entendu qu'on est en train de distribuer, donc ils font des kilomètres pour venir chercher aussi l'assistance. »
Faute de moyens, le PAM distribue les stocks prévus pour d'autres réfugiés. Et c'est un véritable défi logistique pour son directeur, Pierre Honorat :
« Pour nourrir une population de 20 000 personnes, ce sont des quantités très très impressionnantes à bouger, et cette période de pluies qui va arriver coupe l'accès avec des grandes rivières qui arrivent très soudainement dans le désert et qui empêchent tout véhicule de passer. Donc c'est vraiment une course. »
Le temps presse également pour ceux qui n'ont pas pu fuir, pris au piège des combats dans la ville d'El Geneina, à moins de 30 km de là.