Au Rwanda, les conséquences des inondations meurtrières de la nuit de mardi à mercredi continuent de se faire sentir. Dans le district de Rubavu, les autorités s'organisent pour venir en aide aux nombreux déplacés par la catastrophe naturelle dans un l'un des camps du secteur de Rugerero. Le bilan officiel est de 130 morts.
Si la ville de Rubavu, au bord du lac Kivu et à la frontière de la ville congolaise de Goma, a été épargnée, beaucoup de villages alentours ont été durement impactés. A l'entrée du district et jusqu'à la ville, au bord de la route, de nombreuses maisons complètement éventrées sont visibles, et une portion du tarmac a été emporté par les eaux de la rivière Sebeya. Plus en hauteur, sur les très nombreuses collines de cette région vallonée, ce sont les glissements de terrain dans les zones les plus pentues, qui ont détruits plusieurs habitations.
Cela fait maintenant deux nuits que de nombreux sinistrés se sont réfugiés dans plusieurs camps de déplacés de la zone. Beaucoup affirment être arrivés avec presque rien, car les pluies les ont surpris dans leur sommeil, sans leur laisser de temps pour emporter quelques affaires. La plupart de ces déplacés ont perdu leurs maisons, mais certains ont également été évacués par précaution, de peur que les bâtiments avec des fondations endommagées s'effondrent dans les prochains jours.
Avec des réfugiés dans un abri temporaire
Sacs et matelas sur la tête et réfugiés dans ce centre de formation transformé en abri temporaire, les déplacés patientent dans les jardins de l'institut. Parmi eux, Shyorongi, dont la maison a été emportée par les eaux.
« Depuis que les inondations ont commencé, mes deux enfants sont à l'hôpital parce qu'ils ont été emportés par les eaux. Je suis venu ici, je n'ai rien pu amener avec moi. »
La veille, lui et sa famille ont dormi dans l'une des salles de classe de l'institut. Les autorités ont enregistré près de 1 500 personnes mercredi soir, au total. La plupart ont perdu leur habitation, comme Balaza, ou sont venus par mesure de sécurité.
« On nous a dit de venir dans le camp parce que les maisons qui restent peuvent aussi tomber et provoquer de nouvelles morts. On est arrivé ici sans rien, raconte-t-elle, arrivée mercredi avec son fils. On n'avait rien pour dormir, pas de matelas, pas de couverture, on a passé la nuit assis. On avait froid, c'était difficile. »
Les autorités continuent de s'organiser afin d'accueillir tous les déplacés en montant des tentes dans les jardins du centre de formations. Au total, sur tout le pays, plus de 5 000 maisons sont détruites, et 2 500 sont endommagées.
Des commerces complètement détruits
Parmi ceux qui sont restés dans la localité de Mahoko, des commerces devront également tout recommencer à zéro.
Juste à côté des cuisines de ce commerce de lait, la rivière Sebeya continue de menacer les habitations. À l'intérieur, Rodrigue, l'un des travailleurs de l'usine, nettoie les quelques jerrycans qui n'ont pas été emportées par les eaux. Le soir des inondations, les travailleurs ne se sont pas rendu compte de la violence des intempéries, dans un premier temps.
« Nous sommes partis dormir parce qu'on pensait que c'était normal, c'était déjà arrivé, raconte-t-il. C'est à minuit que nous avons entendu le mur tomber parce que l'eau était trop forte. »
Dans la cuisine, les fours ont été complètement détruits par les inondations. L'eau et la boue de la rivière envahissait encore la pièce jeudi, en partie inaccessible. Un jour après les inondations, c'est l'heure du bilan : « Maintenant, ce qu'il faut faire, c'est nettoyer, rassembler le matériel qu'il reste pour pouvoir s'installer ailleurs. »
Pas question pour lui de tenter de remettre en marche ce commerce au même endroit. Dans la plupart des maisons voisines, elles aussi éventrées par la montée des eaux, les habitants se sont déjà réfugiés en sécurité dans les camps de déplacés du district.
Les commerçants ont également tout perdu dans les zones sinistrées par les inondations au Rwanda
Hier, jeudi plusieurs grosses averses dans la journée ont de nouveau fait craindre de futures intempéries violentes, rappelant que la saison des pluies n'est toujours pas terminée, et que les météorologues prévoient des précipitations supérieures à la moyenne pour ces premiers jours du mois de mai, notamment dans cette même région du nord-ouest du pays.