Le travail des enfants dans les mines malgaches est dénoncé, à nouveau, dans un communiqué publié par l'ambassade américaine. Cette fois-ci, le coup de projecteur porte sur les mines de mica, un minéral réputé pour ses propriétés de résistance au feu ou sa capacité d'isolation, très utilisé dans les industries automobiles et aéronautiques.
L'industrie informelle et peu réglementée du mica sur l'île permet à ses exploitants de faire travailler des milliers d'enfants, dans des conditions extrêmes, au péril de leur santé et de leur vie. Les États-Unis ont lancé, l'an dernier, un projet sur trois ans visant justement à lutter contre l'exploitation des enfants dans les mines.
Dans l'Anosy, région du Grand Sud de l'île, ils seraient près de 10 000 enfants à travailler dans les mines de mica, les plus jeunes ayant à peine 5 ans.
D'après l'ambassade américaine, les garçons travailleraient essentiellement sous terre, chargés de creuser les puits et les tunnels dans des « mines insuffisamment aérées » pour en extraire le mica, quand les filles, elles, seraient assujetties au transport et au traitement du minéral. Le communiqué souligne qu'elles sont également « souvent sollicitées sexuellement par les collecteurs » et que nombreux sont les enfants qui développent « de graves maladies respiratoires à cause de la poussière de mica ».
Ces enfants et leurs familles « sont confrontés à une pauvreté extrême », précise le document, « exacerbés par les pressions économiques dues à la pandémie de Covid-19 et à une sécheresse persistante » dans la région. Pour la plupart, ces familles n'ont d'autres choix que d'envoyer leurs enfants travailler à la mine pour subvenir à leurs besoins essentiels.
Depuis l'an dernier, le projet Madagascar Shines, financé à hauteur de 4,5 millions de dollars par le Ministère du Travail américain, s'attèle à lutter contre le travail des enfants dans les mines, en offrant des services éducatifs et des moyens de subsistance à près de 4 000 enfants et adultes. Dans le cadre du suivi du projet, une délégation en provenance de Washington doit d'ailleurs rencontrer, ce mardi 9 mai, à Fort Dauphin, les différentes parties prenantes du projet.
Dans le pays, les défenseurs des droits humains attendent beaucoup du projet de loi du nouveau code minier, censé être voté vendredi 12 mai à l'Assemblée nationale. Un article y stipule, en effet, noir sur blanc, l'interdiction d'employer dans les mines les enfants et jeunes de moins de 15 ans. Une première pour Madagascar.
Premier exportateur mondial de mica et troisième producteur mondial, Madagascar envoie aujourd'hui près de 90 % de sa production en Chine.