L'opposant, leader du parti Pastef, a écopé lundi 8 mai de six mois de prison avec sursis pour diffamation et injures, ce qui pourrait remettre en cause son éligibilité pour la présidentielle prévue en février 2024.
Pour les leaders de Yewwi Askan Wi, l'histoire se répète : après la condamnation de Karim Wade en 2015 pour enrichissement illicite, celle de Khalifa Sall en 2018 pour escroquerie sur les deniers publics - tous deux restent inéligibles - la condamnation d'Ousmane Sonko est selon eux une nouvelle « manoeuvre » du président Macky Sall pour « réduire l'opposition à sa plus simple expression ». « Depuis 2012, c'est un harcèlement permanent qui se manifeste par un rapetissement de la pratique et de la vie démocratique dans notre pays, assure Khalifa Sall. Il ne faut pas qu'il y ait une troisième victime de Macky Sall. Il faut que le peuple se mobilise pour soutenir Ousmane Sonko dans ce combat ».
Khalifa Sall et son allié Barthélémy Dias - actuel maire de Dakar - se sont dit prêts à dialoguer avec le chef de l'État. Une option sèchement rejetée par Ousmane Sonko et d'autres responsables de la coalition. Mais Yewwi Askan Wi reste une « famille » ont assuré ses leaders. « Il faut qu'on reste aujourd'hui plus que jamais soudés, plus que jamais solidaires, parce que la solidarité est nécessaire dans les épreuves. C'est ça, Yewwi Askan Wi ! », a lancé Déthié Fall, l'un des leaders de la coalition.
Ousmane Sonko maintient sa candidature à la présidentielle
La coalition annonce une marche le 19 mai prochain contre « la campagne de liquidation d'Ousmane Sonko ». Le maire de Zinguinchor lui n'a pas participé à la conférence de presse de Yewwi Askan Wi. Dans son message vidéo mardi soir, il a qualifié sa condamnation de « banditisme judiciaire ». Sans évoquer les débats au sein de l'opposition sur un dialogue politique avec le chef de l'État, il appelle à une lutte « réactive, proactive et dans la durée ». « Aujourd'hui plus que jamais, Ousmane Sonko est candidat à la présidentielle de 2024. En dehors de la volonté divine, il n'existe pas de créature sur terre qui puisse m'empêcher d'être candidat à cette élection, a lancé Ousmane Sonko. Je dis à tous les citoyens sénégalais que je réitère mon appel à la résistance, celui que j'avais émis en 2021 lorsque ces complots ignobles ont commencé ».
Auparavant, le ministre porte-parole du gouvernement a de nouveau démenti tout « complot » contre Ousmane Sonko. Selon Abdou Karim Fofana, « le droit a été dit ». « Ce que l'on constate, c'est que notre justice fonctionne même s'il y a des menaces proférées par des hommes politiques sur le fonctionnement de la justice, a-t-il déclaré. Je dissocie les conséquences politiques des actes délictuels qui sont opposés à un candidat à la présidentielle. Un justiciable, c'est un justiciable ».
Une première manifestation est prévue ce vendredi, à l'appel de la plateforme des forces vives F24. Elle dénonce notamment une éventuelle troisième candidature du président Macky Sall et « l'instrumentalisation de la justice pour éliminer des candidats »