Les investisseurs japonais déclarent vouloir faire plus d'affaires avec l'Afrique

Au Japon, M. Adesina, accompagné de trois vice-présidents, Kevin Kariuki, Beth Dunford et Solomon Quaynor, et de l’administrateur Takaaki Nomoto, a tenu une série de réunions avec de hauts responsables gouvernementaux.
9 Mai 2023
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African Development Bank (Abidjan)
communiqué de presse

Le projet gazier du Mozambique, de plusieurs milliards de dollars, devrait redémarrer au troisième trimestre de 2023

Le gouvernement, les parlementaires, les grandes entreprises et les start-ups du Japon manifestent un intérêt croissant pour investir davantage en Afrique. Alors qu'une délégation du Groupe de la Banque africaine de développement, conduite par son président Akinwumi Adesina, s'est rendue au Japon pour présenter les énormes possibilités d'investissement sur le continent, le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, menait la charge pour son pays en effectuant une tournée dans quatre pays.

Au Japon, M. Adesina, accompagné de trois vice-présidents, Kevin Kariuki, Beth Dunford et Solomon Quaynor, et de l'administrateur Takaaki Nomoto, a tenu une série de réunions avec de hauts responsables gouvernementaux, dont le ministre des Finances Shunichi Suzuki, le vice-ministre des Finances Masato Kanda et le directeur général du ministère des Finances Atshushi Mimura.

Ils ont rencontré les dirigeants de grandes marques de renommée mondiale telles que Mitsui & Co Ltd, Sumitomo Corporation, Mitsubishi Corporation et Toyota Tsusho, ainsi que la principale communauté d'affaires du Japon, le Keizai Doyukai, qui rassemble plus de 1 000 dirigeants d'entreprises.

Le résultat de cet engagement de haut niveau pourrait se traduire par un rebond des investissements directs étrangers nets du Japon en Afrique, qui atteindraient les niveaux d'avant le Covid-19, soit 10 milliards de dollars contre 6 milliards de dollars en 2021.

Dans ce compte rendu, nous nous intéressons à ce que les entreprises recherchent et à l'allocution prononcée par le président de la banque, M. Adesina.

MITSUI & CO LTD

L'un des plus grands investisseurs en Afrique, Mitsui & co Ltd, a annoncé son intention de reprendre la construction du projet de gaz naturel liquéfié du Mozambique, de plusieurs milliards de dollars, qui avait été suspendue en 2021 à la suite d'une attaque d'insurgés contre l'installation située dans la région de Cabo Delgado, dans le nord du pays.

Un déploiement conjoint de l'armée mozambicaine, de troupes rwandaises et de membres de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) a depuis lors permis de maîtriser la situation.

« La situation sécuritaire s'est considérablement améliorée. Nous voulons redémarrer les travaux de construction au cours de l'été », a annoncé Koji Asanuma, directeur général du Département des projets du Mozambique.

Il a ajouté que les travaux préparatoires se poursuivaient et qu'ils contacteraient bientôt les prêteurs pour lancer la construction.

La Banque africaine développement a investi 400 millions de dollars dans le projet.

Mitsui & Co Ltd possède cinq bureaux en Afrique : Ghana, Kenya, Maroc, Mozambique et Afrique du Sud.

Outre le projet gazier du Mozambique, la société a également investi dans le projet de chemin de fer et de transport de Nacala au Mozambique et dans la société de raffinage d'Égypte. Elle participe à des projets d'énergie renouvelable au Maroc, en Afrique du Sud, au Kenya, au Nigéria et en Ouganda.

TOYOTA TSHUSHO :

Toyota Tshusho Corporation compte parmi les entreprises japonaises les plus actives en Afrique. Elle est présente dans les 54 pays et ses activités couvrent les secteurs de l'automobile, des produits pharmaceutiques, des boissons et de l'énergie. Elle emploie environ 22 000 personnes sur l'ensemble du continent.

Le vice-président exécutif de Toyota Tsusho Corporation, Toshimitsu Imai, a déclaré que l'entreprise était à la recherche de nouveaux projets d'énergie éolienne en Afrique du Nord, d'énergie solaire en Afrique de l'Ouest et d'énergie géothermique en Afrique de l'Est. Globalement, son objectif est de produire 10 gigawatts.

La société souhaite discuter avec la banque de la possibilité d'investir dans l'hydrogène vert. Elle mène actuellement des études en Afrique du Sud, au Kenya et en Égypte. « Nous reviendrons vers la banque pour discuter du financement », a déclaré M. Imai.

En ce qui concerne la fabrication locale de batteries au lithium-ion utilisées dans les véhicules électriques, M. Imai entrevoit des possibilités en Afrique du Sud, qui possède une énorme industrie automobile, ou en RD Congo, qui possède certains des plus grands gisements mondiaux de minerais nécessaires à la fabrication de batteries au lithium-ion.

Le vice-président exécutif de Toyota Tshusho a également exprimé son intérêt pour la Fondation africaine pour la technologie pharmaceutique, une initiative pilotée par l'Afrique et axée sur l'Afrique qui améliorera considérablement l'accès du continent aux technologies qui sous-tendent la fabrication de médicaments, de vaccins et d'autres produits pharmaceutiques.

MITSUBISHI CORPORATION

La société est présente dans 11 pays d'Afrique : Afrique du Sud, Algérie, Côte d'Ivoire, Égypte, Éthiopie, Kenya, Maroc, Nigéria, Sénégal, Tanzanie et Tunisie. Depuis son entrée sur le marché africain en 1954, Mitsubishi Corporation a étendu ses investissements aux secteurs des ressources minérales et métalliques, de l'automobile et de la mobilité, du gaz naturel, de l'industrie alimentaire et des solutions énergétiques.

Lors d'une rencontre avec M. Adesina, il est apparu clairement que Mitsubishi Corporation en redemande. Son premier vice-président, Tetsuya Shinohara, a déclaré que l'entreprise avait des activités limitées sur le continent.

« L'Afrique est une région difficile », a-t-il déclaré, « nous sommes en train de déterminer les domaines dans lesquels nous pourrions investir à l'avenir. Nous souhaiterions recevoir des suggestions sur la voie à suivre. »

Le directeur général adjoint du Département de la stratégie et de la coordination mondiales, Jun Fujino, a déclaré qu'il existait des stéréotypes sur les affaires en Afrique en raison de l'instabilité politique, de l'imprévisibilité des cadres réglementaires et du fait que le marché de la consommation pourrait prendre trop de temps à se développer.

SUMITOMO CORPORATION

Une autre grande société japonaise de commerce général, Sumitomo Corporation, qui investit dans les ressources minérales, l'énergie, la chimie et l'électronique, l'immobilier, les médias et le numérique, les transports et la construction, est désireuse d'étendre ses activités sur le continent.

« Nous voulons nous développer ensemble », a déclaré Masayuki Hyodo, président-directeur général de Sumitomo Corporation, au début des discussions avec la délégation de la banque, ajoutant : « Nous avons lancé de nouvelles activités en Égypte, et nous voulons poursuivre notre expansion. »

La réponse a été à la hauteur. « Vous êtes au bon endroit », a déclaré M. Adesina à M. Hyodo, « vous êtes avec le bon partenaire. En ce qui concerne les infrastructures, nous essayons de développer des infrastructures vertes dans les domaines des routes, de l'eau et du numérique. Nous essayons de mobiliser 10 milliards de dollars pour investir dans des infrastructures vertes. »

Sumitomo a des bureaux en Algérie, en Éthiopie, au Ghana, au Kenya, à Madagascar, au Maroc, au Mozambique, en Tanzanie et en Afrique du Sud.

TABLES RONDES

Au cours de cette visite, la délégation de la banque a tenu des tables rondes avec une dizaine d'entreprises et de fonds de capital-risque japonais opérant en Afrique. Les discussions ont porté sur les nouvelles technologies liées à l'énergie et à la décarbonisation, telles que l'énergie solaire de nouvelle génération, l'hydrogène/l'ammoniac et les batteries de stockage. Ils ont également discuté de la manière dont la technologie et l'innovation japonaises peuvent contribuer à résoudre les problèmes sociaux en Afrique. À cette occasion, le vice-président de la banque chargé de l'Électricité, de l'Énergie, du Changement climatique et de la Croissance verte, M. Kevin Kariuki, a fait une présentation.

La deuxième session a réuni des entrepreneurs et des investisseurs japonais intéressés par le secteur de l'agriculture.

Des sociétés de capital-risque se sont jointes à eux pour souligner le rôle important que jouent les start-ups dans le développement en Afrique. Des présentations ont été faites par deux vice-présidents de la banque - la vice-présidente chargée de l'Agriculture et du développement humain et social, Beth Dunford, et le vice-président chargé du Secteur privé, de l'Infrastructure et de l'Industrialisation, Solomon Quaynor.

Le point culminant des tables rondes a été la conférence prononcée par M. Adesina. Les tables rondes étaient organisées par Keizai Doyukai et le Programme de développement des Nations unies. Keizai Doyukai est une organisation privée non partisane et à but non lucratif qui rassemble près de 1 400 cadres supérieurs de quelque 1 000 entreprises.

Les entreprises participantes comprenaient :

Toshiba Energy Systems & Solutions Corporation : elle a investi dans des projets de production d'énergie thermique et hydroélectrique dans 10 pays.

Hitachi Energy : un autre leader mondial de la technologie ayant réalisé d'importants investissements dans la production d'énergie renouvelable, y compris l'hydrogène. L'entreprise est présente dans plus de 20 pays, avec des pôles d'activité majeurs au Caire et à Johannesburg.

Kawasaki Heavy Industries Ltd : fabricant de motos, d'équipements pour l'aérospatiale et la défense, de robots, de turbines à gaz et d'autres produits industriels.

Tsubame BHB : start-up engagée dans la production d'engrais verts à base d'ammoniac pour les petits exploitants agricoles en Afrique.

NEC Corporation : a commencé à opérer en Afrique en 1963 en fournissant les technologies nécessaires à la mise en place de systèmes d'identification nationale et d'authentification biométrique en Afrique du Sud, et en installant des infrastructures de télécommunications telles que le câble sous-marin de 6 200 kilomètres entre l'Angola et le Brésil.

Kepple Africa Ventures : lancé en Afrique en 2018. Il s'agit du plus grand fonds de capital-risque japonais basé au Nigéria et au Kenya. Il a conduit 15 entreprises japonaises telles que Mitsubishi UFJ financial group, Toyota Tsusho Corporation et Yamaha à réaliser des investissements directs dans des start-ups africaines.

Degas Limited : est une start-up basée au Japon et au Ghana où elle fournit des intrants agricoles, des connaissances et un soutien à la numérisation à 3 000 agriculteurs.

Uncovered Fund : créé en 2019 à Tokyo, a investi dans 26 start-ups africaines, en particulier celles qui fournissent des services financiers essentiels à la vie quotidienne et aux activités économiques, à la promotion des ventes des magasins de détail, à la logistique dans la distribution et l'approvisionnement et au transport urbain. Elle est implantée en Égypte, au Nigéria, au Kenya et en Afrique du Sud.

L'Asia Africa Investment & Consulting (AAIC) : vise à investir dans des entreprises à croissance rapide dans le secteur des soins de santé en Afrique. Entre autres activités, elle réalise des investissements et gère des entreprises agroalimentaires au Rwanda par l'intermédiaire de la Rwanda Nuts Company.

Les activités de la Sasakawa Africa Association remontent à 36 ans, lorsqu'elle a été créée par le philanthrope japonais Ryoichi Sasakawa, lauréat du prix Nobel Norman Borlaug et l'ancien président américain Jimmy Carter.

L'association se focalise sur l'agriculture et plus particulièrement sur le développement des petits exploitants agricoles dans 12 pays d'Afrique subsaharienne. Le président Makoto Kitanaka a évoqué l'utilisation croissante de la technologie dans la prestation des services de l'association.

M. Adesina rencontre l'université de Tokyo

L'université de Tokyo investit dans des start-ups, dont plus de 400 sont déjà opérationnelles. Wassha, l'une des start-ups associées à l'université de Tokyo, a développé une activité de service d'électricité pour atteindre les populations des zones rurales de Tanzanie qui n'ont pas accès à l'électricité. Les bénéficiaires louent des lanternes LED qui sont proposées sur la base d'un système de paiement en fonction de la consommation.

Teruo Fujii, président de l'université de Tokyo, et M. Adesina ont discuté des possibilités de collaboration entre leurs deux institutions, notamment la possibilité d'établir un programme conjoint Japon-Afrique sur l'entrepreneuriat. Ce programme rassemblerait des fonds de capital-risque, créerait des entreprises communes et mettrait en place un programme d'échange de personnel entre l'université de Tokyo et certaines universités en Afrique.

Les deux dirigeants ont également évoqué la possibilité d'une collaboration entre l'École de pharmacologie de l'université et la Fondation africaine pour la technologie pharmaceutique, basée au Rwanda.

La délégation de la banque a également eu des réunions avec la Japan Bank for International Cooperation et la Japan International Cooperation Agency, qui ont signé un accord de financement de 350 millions de dollars avec la banque pour soutenir le secteur privé en Afrique.

Avant son départ, M. Adesina a rencontré les représentants diplomatiques de plus de 30 pays africains. Il leur a fait part des réalisations de la banque au cours des sept dernières années et de la nécessité urgente d'attirer davantage d'investissements directs étrangers en Afrique.

À l'issue de ces cinq jours de tournée de présentation des énormes opportunités d'investissement qu'offre l'Afrique, le message était clair : la porte et la voie vers l'Afrique sont grandes ouvertes pour les investisseurs japonais !

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