L'ONU renforce sa surveillance du Soudan où le conflit entre l'armée et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), qui a éclaté le 15 avril, a fait plus de 750 morts, 5 000 blessés, 700 000 déplacés et 150 000 réfugiés. Ce jeudi 11 mai, à l'issue d'une réunion d'urgence, le Conseil des droits de l'homme (OHCHR), principal organe onusien pour lutter contre les violations, a adopté une résolution qui renforce le suivi et la documentation des exactions dans ce pays.
Avec ce texte, l'ONU lance un avertissement aux criminels. La résolution élargit les prérogatives du Haut commissaire aux droits de l'homme et de son expert sur le Soudan. Leur mandat inclut désormais le suivi et la documentation détaillée de toutes les violations des droits de l'homme depuis le coup d'État d'octobre 2021, y compris celles du conflit actuel.
Les deux hommes devront soumettre un rapport complet sur les abus commis. Le tout sera suivi d'un dialogue élargi à d'autres parties comme l'Union africaine, l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) ou encore la Ligue arabe. Plusieurs pays, dont le Soudan, se sont fermement opposés, dénonçant une interférence dans les affaires internes.
Hassan Hamid Hassan, représentant du chef de l'armée al-Burhan, a estimé que la situation ne nécessitait pas de session spéciale, que cette résolution risquait d'influencer négativement les autres initiatives de paix en cours. Le diplomate a estimé que ces nouvelles prérogatives allaient bien au-delà du mandat actuel, et que cela ressemblait à une commission d'enquête.
Les débats ont clairement fait apparaître une fracture. Les pays arabes et africains, ainsi que d'autres nations comme la Chine, se sont opposés au texte. Résultat : la résolution a été adoptée de justesse avec 18 voix contre 15. Hassan Shire, de l'ONG Defend Defenders, a salué « la plus forte résolution de l'OHCHR sur le Soudan depuis des années, même si elle reste encore en deçà et qu'il faudrait un véritable mécanisme d'enquête indépendant. »