L'édition 2023 d'Afrifata a pris fin à Rabat au Maroc. A l'issue des festivités, Madame Zaineb Karroumi El Kadiri, la fondatrice), au nom du comité d'organisation dresse le bilan, non sans dire merci à Sa Majesté Mohammed VI que Dieu l'assiste, pour son soutien. Interview…
Quel bilan peut-on faire après Afrifata2023 qui vient de se tenir à Rabat au Maroc ; la capitale administrative du Maroc ?
Ça serait prétentieux de vous dire que nous sommes satisfaits. Parce que nous sommes perfectionnistes à souhait. Nous avons fait avec les moyens que nous avions. Nous avions besoin d'aide pour faire quelque chose de très bonne qualité. Nous sommes satisfaits sur la qualité de nos invités. En ce qui concerne l'organisation, le commissariat général d'Afrifata 2023 a fait ce qu'elle a pu pour mener à bien le projet.
Les partenaires ont-ils répondu à votre appel ?
Oui une bonne partie a répondu à l'appel. Mais les contraintes d'agenda n'ont pas permis à d'autres d'être là. Nous sortons du mois de Ramadan avec une reprise de beaucoup d'évènements qui se chevauchent. Notre satisfaction vient surtout de la présence des jeunes designers africains qui sont venus de plusieurs pays pour participer à Afrifata2023. Avec beaucoup d'amour, ils ont répondu à notre appel et nous en suis heureuse. Nous n'oublions pas notre sœur Mariama Ba de Allafrica.com. Merci à elle pour son soutien. Elle n'a pu être là, à cause du deuil qui frappait la famille, mais elle était de cœur avec nous. Nous avons profité de l'édition 2023 d'Afrifata, pour inviter les jeunes à cultiver l'humilité et de se faire confiance dans une Afrique unie, de se tenir par la main et d'avancer ensemble.
Cette édition d'Afrifata coïncide avec un regain au niveau de l'immigration clandestine. Quel message avez-vous passé aux jeunes participants ?
A chaque fois que moi personnellement, j'ai eu l'occasion, j'ai raconté mon parcours qui est celui d'une franco-marocaine. Qui vient à la source avec un projet. Il ne faut pas se jeter à la mer, avec tous les risques que cela comporte. Il ne faut pas sous-estimer notre continent qui est riche de talents. L'Afrique, notre continent est riche et faut que la jeunesse qui a du talent en tire le maximum de profits. Il ne faudrait pas que les jeunes africains pensent que la situation est plus verte ailleurs. Je suis une preuve palpable. Ce que j'ai appris de l'autre côté en Europe, j'essaie de transmettre ça à la jeunesse africaine dans le secteur de la mode.
Parlez -nous un peu de la visite au Collège Lasalle de Rabat.
On y forme des jeunes qui sont destinés au milieu de la mode. Mais très clairement, beaucoup de jeunes qui en sortent se cherchent encore. C'était donc l'occasion dire à ces jeunes -là de se faire confiance se battent pour s'insérer dans le milieu de la mode. En gros l'objectif de la rencontre avec les étudiants, s'était de leur dire qu'il y aura un suivi à travers une académie pour leur permettre d'avoir non seulement des masters class d'excellence. Mais aussi et surtout cela leur permettra d'être des acteurs économiques demain. Aussi, lors des échanges, nous avons débattu avec eux de projets de développement de leur identité. Nous allons les accompagner à travers un partenariat qui sera finalisé.
L'expérience en matière d'accompagnement de la jeunesse initiée par le gouvernement marocain ne devrait-elle pas inspirer les autres gouvernements africains ?
Tout à fait. D'autres aident et d'autres font du business de ce qu'ils font. Nous ce n'est pas le cas. C'est nous qui invitons avec nos propres moyens (propres moyens de Zaineb). Toutefois je reconnais qu'à une certaine échelle, j'ai prouvé et ils m'ont aidé. Mais 80%, c'est moi -même. Mon ambition, c'est de mettre en lumière ces jeunes, les fédérer et de les aider à entreprendre.
Être femme dans la mode, ça passe mais les hommes c'est difficilement en Afrique avec beaucoup de clichés
La réalité, c'est que nous devons être fortes pour nous faire respecter. Parce que la femme est souvent dénigrée. Mais il faut se battre et se faire respecter y compris dans la mode où il y a aussi des stylistes hommes de talent. Les hommes ont un petit plus que nous femmes n'avons pas. Même dans le culinaire, ils arrivent à ajouter un petit plus que nous ne pouvons pas. Quand on reçoit un prix ça réconforte et galvanise. C'est comme ça que nous avons perçu l'aide du gouvernement marocain. Il faut redoubler d'effort dans n'importe que milieu. Pas seulement dans l'univers de la mode. Dans tous les cas, l'homme et la femme sont complémentaires.
La prochaine édition c'est où, Abidjan, Dakar ou Lomé ?
Nous aimerions tellement que ça soit à Dakar ou Abidjan. Nous y avons des amis avec lesquels, nous avons de solides relations. A l'époque nous avions invité Céline Koby de Côte d'Ivoire et Adama Barry du Sénégal. Nous n'oublions jamais ! Nous avons notre ami Jacques Logoh du Togo qui nous a toujours soutenu avant qu'il ne nous invite à Lomé. Il y a Isabelle Denacimento de l'Angola qui a fait de nous la président de son jury alors que nous ne la connaissions pas. Elle nous a aussi demandé de faire défiler un modèle. Chez elle, nous avons reçu en 2022, le prix de la femme entrepreneur Europe- Afrique, des mains de la ministre angolaise des affaires étrangères. Les connexions se font parfois avec le cœur et l'humanité.
Interview réalisée à Rabat par Bamba Moussa
Légende photo : Zaineb Karroumi El Kadiri (Fondatrice d'Afrifata : « Il ne faudrait pas que les jeunes africains pensent que la situation est plus verte ailleurs » ( Ph : Bm)