« J'ai fait de ma passion une vocation. Chaque jour, je mesure la chance que j'ai de pouvoir travailler dans un rapport respectueux à la nature. » Amateur de trekking et de randonnée depuis ses années de jeunesse, Mohamed Adnene Bezzaouia, est aujourd'hui chargé principal de l'environnement à la Banque africaine de développement.
« Le trek est un état d'esprit, une envie de découverte et de partage de moments inoubliables avec les autres. C'est découvrir le monde en s'adaptant aux conditions, favoriser les rencontres dans le respect des populations et de leur environnement », détaille Adnene, dont les valeurs l'ont naturellement conduit à s'orienter vers les métiers du développement.
Il a ainsi trouvé sa voie professionnelle dans plusieurs institutions soucieuses de promouvoir une croissance inclusive et verte en Afrique afin d'améliorer la vie des populations, dans un environnement sûr et durable. Avec, à chaque fois, un examen attentif des actions envisagées par les pays de façon à gérer les potentiels impacts des projets sur le plan social et environnemental. C'est tout l'objet du système de sauvegardes intégré du Groupe de la Banque africaine de développement, qui est l'une des pierres angulaires de sa stratégie en la matière.
Des années auparavant, l'expert en environnement était consultant pour un acteur institutionnel majeur du développement. Missionné dans un pays africain, il a évalué l'impact environnemental et social d'un projet routier qui devait traverser initialement des centaines d'hectares de forêts vierges, avec le risque induit dans sa conception initiale, d'affecter certaines des espèces protégées ainsi que le patrimoine culturel des populations.
« Comme c'est toujours le cas dans notre profession, nous sommes face à un dilemme : d'une part, soutenir les chefs de projet pour un déploiement rapide et efficace des opérations ; d'autre part, nous assurer que les opérations respectent l'environnement et les populations sur leur zone d'intervention. Le tout est de trouver la ligne de crête, le point d'équilibre. », relève Adnene.
Pour lever les doutes et incompréhensions dans ce genre de situation, l'esprit de conseil et d'accompagnement doit prévaloir à celui de contrôle et d'inspection. En l'occurrence, convaincre de la nécessité d'un tracé routier contournant la forêt n'était pas chose aisée, cette alternative allant entraîner retards et surcoûts, pouvant compromettre la bonne conduite du projet. Tout est question de fines négociations qui incluent les équations difficiles et leur résolution : Adnene a réussi néanmoins à satisfaire toutes les parties - maître d'ouvrage, pouvoirs publics, ONG protectrices de l'environnement, populations. La route a bien été construite en lisière de forêt.
À la Banque africaine de développement, le Cadre de mesure des résultats, conçu pour mesurer et accroître l'impact de la Banque sur le développement, est une véritable balise de l'empreinte sociale et environnementale des opérations. En pratique, il s'agit de trouver la meilleure approche qui concilie les intérêts de toutes les parties prenantes - dont les populations, acteurs publics et bailleurs - afin que le développement soit le plus durable et le plus inclusif. Avec trois maîtres mots : consulter, anticiper et opérer dans l'intérêt des populations et de leur environnement.
Confrontée, d'une part, aux effets du changement climatique, l'Afrique doit relever, d'autre part, le défi d'un développement respectueux de l'environnement. Lors de la COP15 sur la biodiversité, tenue en décembre dernier au Canada, la Banque africaine de développement a souligné, dans un rapport lancé avec le Fonds mondial pour la nature (WWF), le rôle important des banques multilatérales de développement dans l'atteinte des objectifs en matière de biodiversité : proposer des services de conseil, renforcer les capacités, mener des études de marché et nouer des liens avec d'autres partenaires pertinents.
Adnene partage ce constat et ces propositions, tout en affirmant que « la préservation de l'environnement est l'affaire de tous. Par son action, chacun, au quotidien, y contribue à son niveau. »
