Tunisie: Tabagisme - Le remède par la prévention

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Le meilleur moyen de réduire les risques liés au tabac est le sevrage, mais résister à la première cigarette, notamment pour les plus jeunes, est une grande victoire. Selon des données chiffrées, un Tunisien sur 5 fume encore aujourd'hui...

Parce qu'en médecine, généralement il vaut mieux prévenir que guérir, les fumeurs de tabac ne sont pas exempts de cette logique thérapeutique. Dans ce cadre, plusieurs intervenants de différentes disciplines et spécialistes en médecine préventive contre le tabagisme se sont réunis autour d'une table ronde, pour présenter chacun son approche et recevoir les réactions de l'assistance sur la question des méfaits du tabac et la réduction des risques. Tel est le thème débattu mardi soir à Tunis sous le slogan «Comprendre plus, agir mieux».

Ainsi, la plateforme médicale Med.tn a organisé l'événement à visée médicale et psychologique avec la participation d'éminents scientifiques qui oeuvrent à alerter la population tunisienne sur la nocivité et la dangerosité du tabac. Tout le monde le sait très bien, rien qu'en lisant les paquets de cigarettes : «Le tabac tue». Dr Yousra Jemli, addictologue, psychiatre et psychothérapeute, a présenté son approche pour faire face à ce fléau et préconise une prise en charge poussée et le suivi psychologique de toutes les consultations tabaco, en particulier les adolescents qui sont des personnes vulnérables.

Mauvais élève anti-tabac

L'Etat paie un lourd tribut, si bien que les médecins appellent à une meilleure prévention des risques. En effet, le coût économique dû aux méfaits du tabac qui comprend les frais d'hospitalisation et les maladies associées est de 2 milliards de dinars en 2019 d'après Dr Zoubeir Chater, médecin nutritionniste et diététicien. Dans un moment phare du débat sur la question, en introduction, Dr Chater a présenté les données statistiques liées au tabagisme en Tunisie avec des chiffres très contrastés entre 1996 et 2019. En 1996, les fumeurs tunisiens sont de l'ordre de 30%, dont 55% sont des hommes, ce qui est très important. En 2019, 22,8% dont 45% hommes ce qui demeure encore à un seuil très élevé.

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On est parmi les pays en tête à l'échelle africaine et au Moyen-Orient sur ce plan, ce qui fait de la Tunisie «un mauvais élève» de ce classement des fumeurs de la région précitée. Il recommande aux associations et personnalités de continuer à agir par la sensibilisation pour aider les fumeurs à arrêter le tabac et déconseiller les jeunes à passer à la cigarette. Pour ne pas être dans le regret dans sa vie future, même si l'addiction des fumeurs est un combat qui nécessite le recours à des professionnels qualifiés. Dr Chater conseille également l'arrêt du tabac pour donner l'envie de retrouver les plaisirs de la vie comme le retour du goût, l'odorat et une meilleure respiration, mais bien plus encore. Du reste, le recours à la thérapie comportementale peut aider le fumeur à renoncer au tabac pour le restant de sa vie sans aucun grand risque d'une maladie cardiovasculaire.

Lui redonner goût à la vie

Dans un message d'espoir qu'il veut transmettre aux plus jeunes, Dr Chater n'y va pas par quatre chemins et estime que la solution est à portée de main : «Le tabac est toxique et très nocif. Mais le fumeur peut sortir de cette dépendance avant qu'elle ne devienne une véritable addiction. La situation du fumeur qui veut stopper le tabac reste récupérable et totalement réversible». Dr Chater estime qu'il ne faut pas accabler le fumeur et exiger son implication rapide vers le sevrage tabagique, mais l'accompagner au mieux, avec une prise de conscience graduelle et programmée. Pour lui redonner goût à la vie et aux plaisirs simples et sains.

De son côté Mme Zeineb Melki, journaliste et enseignante à l'Ecole supérieure de journalisme Paris, directrice d'antenne radio et productrice télé, est intervenue en tant que modératrice pour recadrer les réactions de l'assistance qui semble sensible à ce sujet. Par la suite, Dr Dhaker Lahidheb, maître de conférences et spécialiste en cardiologie, a présenté les solutions qui consistent tout d'abord en ce que le fumeur se donne les moyens d'arrêter le tabac, que ce soit physique ou en consultation.

Comment arrêter le tabac ?

Dans les hôpitaux, le patient doit avoir droit à un accès facilité et unique à une consultation de tabacologie, là où il y a un psychiatre ou un psychologue. Ou de bénéficier d'une thérapie comportementale ou de l'hypnose qui constituent beaucoup de moyens non physiques. Dans une seconde étape, il estime que dans le cadre de campagnes de sensibilisation contre la consommation de tabac, donner aux jeunes les moyens physiques d'arrêter comme le tabac alternatif, le tabac chauffé, les patchs, les chewing-gums. La gratuité des produits anti-tabac est requise en pareille circonstance, notamment pour les addicts. Le tabac est l'un des facteurs de risque des maladies cardio-vasculaires qui nécessite de lutter contre ce phénomène nocif mondial, en particulier en Tunisie. «Surtout lorsqu'on n'a pas les moyens d'acheter les stents pour les artères coronaires et les médicaments qui coûtent de plus en plus cher, avec les nouveaux dispositifs de soins et de pontage que l'Etat ne peut financer à l'heure actuelle», termine Dr Lahidheb, réaffirmant, à juste titre, que la prévention coûte nettement moins cher que la guérison.

Pour rappel, au cours de cet évènement, les participants et partenaires ont essentiellement échangé sur les méfaits du tabagisme et la réduction des risques comme alternative au sevrage et à l'abstinence immédiate. L'absence de stratégie continue et la planification pour résorber drastiquement le fléau en Tunisie sont pointées du doigt par une représentante d'un média digital. Cette dernière estime qu'on ne parle pas suffisamment du rôle des facteurs génétiques dans l'apparition et l'aggravation d'une maladie liée au tabac, en y faisant un parallèle avec une autre addiction comme la consommation d'alcool. L'implication de sportifs de haut niveau pour sensibiliser sur les méfaits du tabagisme auprès des jeunes Tunisiens est souhaitée. Le rôle de l'Etat, la révision de la législation et les moyens médicaux et thérapeutiques mis en oeuvre pour contrecarrer le tabagisme ont été débattus.

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