En réaction à la promulgation par l'Ouganda d'une loi anti-LGBTQI+, l'ONUSIDA et des organisations partenaires se sont dit profondément préoccupés par les répercussions négatives de cette loi sur la santé de la population ougandaise et sur la riposte au sida, qui fournit jusqu'à présent d'excellents résultats.
Selon la presse, le Président ougandais a promulgué lundi une loi intensifiant la répression contre les personnes LGBTQQI+. La loi prévoit la réclusion à perpétuité pour quiconque se livre à des relations sexuelles homosexuelles. Quiconque essaie d'avoir des relations homosexuelles pourrait être passible d'une peine pouvant aller jusqu'à dix ans de prison.
Dans un communiqué conjoint, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (Fonds mondial), le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) et le Plan d'urgence du Président des États-Unis pour la lutte contre le sida (PEPFAR) rappellent que l'Ouganda et son Président Yoweri Museveni ont joué un rôle exemplaire dans la lutte contre le sida.
Ainsi, des progrès ont été accomplis grâce à la mise en place de programmes à grande échelle de prévention, de diagnostic, de traitement et de prise en charge, tous fournis dans un souci d'offrir un accès aux soins de santé à ceux et celles qui en ont besoin, sans stigmatisation ni discrimination.
Cette approche a permis de sauver des vies, affirme le communiqué conjoint. Les systèmes de santé résilients établis pour soutenir la riposte au sida ont profité à la population ougandaise dans son ensemble. Cette réalité a été d'autant plus visible lorsque le personnel de santé communautaire et les systèmes de santé développés pour la riposte au sida ont joué un rôle clé dans la lutte contre la Covid-19 et d'autres maladies.
D'où l'importance de préserver cette approche : les failles de la riposte de santé publique au VIH auront des répercussions à l'échelle du système qui pourraient nuire à tout le monde, ont insisté les auteurs de ce communiqué.
La réussite est à portée de main
« Nous savons que nous serons en mesure de surmonter ce problème de santé publique lorsque nous veillerons à ce que 95 % des personnes vivant avec le VIH connaissent leur état sérologique vis-à-vis du VIH, que 95% d'entre elles suivent un traitement et que 95% de ces dernières parviennent à une charge virale indétectable », ont insisté l'ONUSIDA et ses partenaires.
Et l'Ouganda peut y arriver, selon eux. En effet, en 2021, 89% des personnes vivant avec le VIH en Ouganda connaissaient leur statut sérologique, plus de 92% des personnes qui le connaissaient recevaient une thérapie antirétrovirale et 95% des personnes sous traitement avaient une charge virale indétectable.
« L'Ouganda est donc bien parti pour atteindre les objectifs de l'ONUSIDA en matière de traitement du VIH si ces progrès sont pérennisés », ont-ils ajouté.
La discrimination menace les avancées
Peter Sands, Directeur exécutif du Fonds mondial, Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l'ONUSIDA et John Nkengasong, Coordonnateur pour les États-Unis de la lutte mondiale contre le sida - auteurs du communiqué conjoint - ont tous les trois regrettés que les succès enregistrés par l'Ouganda dans sa riposte au VIH sont aujourd'hui gravement menacés.
En effet, la nouvelle loi anti-LGBTQI+ va entraver l'éducation à la santé et la portée des actions qui peuvent aider à mettre fin au sida comme menace de santé publique, ont-ils souligné.
De plus, la stigmatisation et la discrimination liées à l'adoption de la loi ont déjà réduit l'accès aux services de prévention et de soins.
Pour eux, il est indispensable que la confiance, le secret médical et l'absence de stigmatisation soient préservés pour ceux et celles qui recherchent une prise en charge de santé. Les personnes LGBTQI+ en Ouganda craignent de plus en plus pour leur sécurité, ont-ils déplorés, le risque d'agressions, de sanctions et de marginalisation accrue décourageant de plus en plus de personnes à bénéficier de services de santé vitaux.
Le Fonds mondial, ONUSIDA et PEPFAR demandent un réexamen de la loi afin que « l'Ouganda puisse poursuivre sur sa lancée afin d'assurer un accès équitable aux services de santé et mettre fin au sida comme menace de santé publique d'ici 2030 ».