Le PPA-CI, le parti de Laurent Gbagbo, a dénoncé mardi 30 mai des « irrégularités et des fraudes » sur la liste électorale, dont l'ex-président ivoirien est toujours radié, à trois mois des élections municipales et régionales.
Lors d'une conférence de presse à Abidjan, Habiba Touré, présidente de «Safe», un organe créé par le Parti des peuples africains - Côte d'Ivoire (PPA-CI) pour lutter contre la fraude électorale, a affirmé que la liste était « truffée d'irrégularités et d'éléments frauduleux ». Mme Touré, également cheffe de cabinet de Laurent Gbagbo a d'abord assuré, captures d'écran de la liste à l'appui, que des mineurs « entre 3 et 14 ans » étaient inscrits.
Au micro de notre correspondante à Abidjan, Marine Jeannin, elle a relevé des noms de personnes « nées au XIXe siècle » avant d'évoquer le cas de personnalités décédées, mais toujours inscrites. « À l'examen de la liste, on peut relever que des mineurs sont bien inscrits sur la liste électorale. Des personnes nées au XIXe siècle, et dont on peut raisonnablement douter qu'elles soient encore vivantes, sont pourtant bien inscrites sur la liste électorale. Des personnes décédées sont bien inscrites sur la liste électorale. »
Enfin, Mme Touré a déploré le fait que plusieurs personnes condamnées pour des crimes, et donc supposément déchues de leurs droits civiques et politiques, sont toujours inscrites sur la liste électorale.« Des personnes condamnées pour crime sont bien inscrites sur la liste électorale. Des personnes détenant deux, voire trois numéros uniques, le fameux numéro prétendument unique, il y en a qui en ont deux ou trois, et elles sont sur la liste électorale. Toutes ces personnes, tous ces doublons peuvent être inscrits sur la liste électorale... mais pas le président Laurent Gbagbo. »
Selon elle, ces cas « décrédibilisent totalement la Commission électorale indépendante (CEI), qui apparaît comme un outil pour éliminer des adversaires politiques, plutôt que comme une autorité administrative indépendante ».« Ces quelques cas démontrent à suffisance le caractère discrétionnaire de la décision prise par la CEI de laisser les uns et pas les autres sur la liste électorale, en fonction de ce qu'ils puissent être considérés comme de potentiels candidats à l'élection présidentielle ou pas. Toutes ces incongruités relevées sur la liste électorale mettent nécessairement en évidence le caractère politique des décisions prises par cette institution. »
Interrogé par RFI ce mardi, un porte-parole de la CEI n'a pas souhaité faire de commentaire et indiqué que la CEI attendait la réception des réclamations. Des recours peuvent être déposés du 1er au 10 juin.
Le 20 mai dernier, la commission avait publié la liste électorale sans le nom de Laurent Gbagbo, indiquant qu'il faisait partie des 11 000 personnes déchues de leurs droits civiques et politiques, suite à une condamnation. S'il a été acquitté par la justice internationale de crimes contre l'humanité commis lors de la sanglante crise post-électorale de 2010-2011, il reste sous le coup d'une condamnation à 20 ans de prison en Côte d'Ivoire pour le « braquage » de la Banque centrale des États d'Afrique de l'Ouest (BCEAO) en 2011.