Les scènes de violence qui ont suivi le verdict du procès de l’opposant Ousmane Sonko, condamné à 2 ans d’emprisonnement ferme, ont fait 9 morts à Dakar et Ziguinchor, selon les autorités.
L’accès à l’Internet coupé puis restreint depuis 21h, heure locale, la première nuit après l’annonce de la condamnation d’Ousmane Sonko à 2 ans de prison ferme a été relativement calme dans certains quartiers de Dakar, selon quelques habitants joints au téléphone.
‘’Depuis 19H, les hostilités ont cessé. Présentement, on observe un calme’’, explique cet habitant des Parcelles Assainies.
‘’Ça va, ça va dans le quartier. Il y a des forces de l’ordre. Maintenant, c’est ce qu’on a vu aujourd’hui. On ne sait pas ce qui va se passer demain’’, se confie à la DW, cet autre habitant de Liberté 6.
‘’J’entends jusqu’à présent des tirs de grenades lacrymogènes. Tout à l’heure j’étais là, ils ont brûlé des pneus ici, à quelques mètres de chez moi’’, répond, pour sa part, ce dakarois du quartier Ouakam.
Une dizaine de personnes tuées
Selon le ministre de l’Intérieur du Sénégal, les heurts qui ont suivi l’annonce de la condamnation d’Ousmane Sonko ont fait 9 décès à Dakar et à Ziguinchor. Antoine Félix Abdoulaye Diome a présenté les condoléances du gouvernement aux parents des victimes avant de faire ces mises au point concernant à l’accès à Internet.
‘’Ayant constaté sur les réseaux sociaux, la diffusion de messages haineux et subversifs, l’Etat du Sénégal, en toute souveraineté, a décidé de suspendre temporairement l’usage de certaines applications digitales par lesquelles se font des appels à la violence et à la haine. Nous rappelons aux médias, l’importance de respecter le code de la presse qui permet à l’autorité administrative de prévenir ou de faire cesser toute atteinte à la sûreté de l’Etat, à l’intégrité du territoire national ou tous cas d’incitation à la haine.’’
Plusieurs édifices publics et des biens privés ont été détruits et saccagés dans les différentes localités du Sénégal après l’annonce de la condamnation du principal opposant de Macky Sall, ce jeudi, au palais de justice de Dakar.
Des affrontements meurtriers ont également mis aux prises manifestants et Forces de Défense du Sénégal FDS.
Des violences à l'université Cheich Anta Diop
Les affrontements ont aussi éclaté à l'université Cheich Anta Diop de Dakarm où des groupes de jeunes ont affronté à coups de pierres les policiers ripostant avec des gaz lacrymogènes.
Plusieurs cars de la faculté de médecine, du département d'histoire et de la principale école de journalisme du pays ont été incendiés et des bureaux saccagés.
En dehors de ces foyers de violence, les rues de Dakar sont restées désertes.
Le service de surveillance d'internet Netblocks a dit observer une "situation qui ressemble à celle que le pays a connue en 2021". A l'époque, le Sénégal avait alors été en proie à des émeutes meurtrières suite à une interpellation de l'opposant Ousmane Sonko.
C'est dans ce climat politique tendu que le dialogue national lancé, mercredi, par le président Macky Sall se poursuit à Dakar.