L'agriculture, l'accession à la propriété et le B2B font partie des secteurs qui connaissent une transformation rapide.
01-juin-2023
Des panélistes lors d'une session organisée par le gouvernement égyptien dans le cadre des Assemblées annuelles 2023 sur le rôle de la Fintech dans la libération d'une finance durable et verte.
La technologie financière - fintech - améliore et rationalise les manières dont les Africains produisent des denrées alimentaires, effectuent des transactions commerciales et se constituent une épargne, ouvrant la voie à des modèles de croissance plus durables, ont déclaré des experts réunis en panel lors d'un événement organisé dans le cadre des Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement.
L'événement était organisé par le gouvernement égyptien à Charm el-Cheikh, où se tenaient les assemblées de cette année. Des experts du gouvernement, du développement et de l'investissement ont partagé leurs expériences en matière d'introduction de solutions fintech pour les agriculteurs, les personnes non bancarisées et les entrepreneurs qui dirigent de petites entreprises.
Un consensus s'est dégagé sur la nécessité d'une collaboration étroite entre les régulateurs, les institutions de développement, les entreprises et les investisseurs afin d'exploiter le potentiel de la fintech. Les panélistes ont souligné le caractère central des données - leur collecte et l'élargissement de leur accès - pour la transformation de la fintech.
Parmi les panélistes figuraient Rasha Negm, responsable FinTech & Innovation à la Banque centrale d'Égypte, John Bosco Sebabi, directeur général adjoint du Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS), Mélanie Keïta, cofondatrice et directrice générale de Melanin Kapital, Kenneth Kou, responsable de Mercy Corps Ventures et Osama Abbas, responsable des services financiers chez Vodafone Égypte. Aiaze Mitha, responsable mondial de la finance numérique pour les Objectifs de développement durable (ODD) a modéré la discussion.
« L'Égypte abrite plus de 177 start-ups fintech et fournisseurs de services de paiement », a déclaré Mme Negm, avec quelque 14 sous-secteurs, dont la finance alternative, la gestion des finances personnelles et l'agrifintech, a-t-elle ajouté. En 2022, les start-ups fintech égyptiennes ont levé 360 millions de dollars.
Elle a ajouté que la Banque centrale d'Égypte jouait un rôle de régulation et de facilitation pour le secteur. « En coopération avec l'autorité de régulation financière, nous nous préparons à publier une nouvelle loi sur le financement alternatif de la fintech. » Cela ouvrirait la voie au financement participatif par actions et aux prêts de pair-à-pair, entre autres formes alternatives de financement.
Mme Keïta a déclaré : « Nous avons conçu Melanin Kapital comme une plateforme de mixage écologique où les PME peuvent s'inscrire, connecter leurs portefeuilles d'argent mobile » et obtenir des informations sur leur financement. Elle a ajouté que la société avait décidé d'adopter un mécanisme pour inciter les PME à devenir plus durables sur le plan environnemental. « Plus elles deviennent écologiques, plus nous suivons les émissions de CO2 qu'elles économisent, ce qui nous permet de fixer l'empreinte carbone qui découle de ces économies et de leur donner des remises en espèces », a-t-elle expliqué.
Mme Keïta a expliqué qu'au Kenya, Melanin Kapital utilisait les émissions de CO2 comme point de référence pour ce qu'elle appelle l' « écologisation ». « Ainsi, plus vous réduisez vos émissions de CO2, plus vous devenez vert ». La société a indiqué qu'elle collaborait avec des partenaires pour normaliser ce point de référence en vue de son utilisation dans d'autres pays.
M. Abbas a déclaré que la pandémie de Covid-19 avait donné l'occasion à Vodafone en Égypte, en collaboration avec le gouvernement, d'introduire les portefeuilles mobiles auprès de plusieurs nouveaux clients.
« Au Mozambique, Vodacom soutient les populations rurales (...) en leur fournissant un accès à l'électricité grâce à des dispositifs solaires et énergétiques qu'elles peuvent acheter à l'aide de leur portefeuille mobile, M-Pesa, et qu'elles peuvent également recharger et payer avec M-Pesa ».
M. Kou, de Mercy Ventures, a déclaré que la technologie blockchain pourrait être utilisée pour rendre les chaînes d'approvisionnement plus traçables. « Il y a 600 millions de petits exploitants agricoles qui, pour la plupart, ne sont pas indemnisés équitablement. En Amérique du Nord et en Amérique latine, vous avez de fortes pressions en faveur du commerce équitable, de l'écocommerce, mais en réalité, une grande partie de cet argent ne parvient pas (aux agriculteurs) », a-t-il déclaré. « En utilisant la technologie blockchain, qui permet de disposer de données transparentes et immuables qui sont mises sur la chaîne, vous pouvez réellement voir combien d'argent rapporte chaque transaction ».
Un autre domaine dans lequel la fintech a fait la différence est celui de l'augmentation des taux d'adoption de l'assurance récolte - qui, en Afrique, atteignent à peine 3 % - grâce à l'automatisation.
Les participants se sont accordés sur la nécessité pour les gouvernements et les partenaires au développement de s'impliquer dans le développement de la fintech. Mme Keïta a déclaré que les fonds d'assistance technique de la banque étaient une ressource pour soutenir les initiatives pilotes.
La banque reconnaît le rôle clé que la fintech peut jouer pour stimuler l'innovation et un développement plus inclusif. Le secteur est considéré comme un moyen de fournir des services financiers aux personnes non bancarisées et de réduire les coûts de transaction.
Par exemple, la Facilité pour l'inclusion financière numérique en Afrique (ADFI), une initiative conjointe de la banque et de plusieurs partenaires, apporte son soutien à l'Africa Fintech Network, qui compte des membres dans 34 pays, pour la mise en place d'un hub numérique. Ce hub numérique permettra aux fintechs africaines de présenter leur travail et d'accéder à des formations, tout en offrant des opportunités de partenariats et de financements. L'Africa Fintech Network milite également en faveur d'un environnement propice aux start-ups du secteur financier.
L'ADFI collabore également avec Pula Advisors, une entreprise agrotechnologique, pour offrir une microassurance numérique à plus d'un million d'agriculteurs en Zambie, au Kenya et au Nigéria.
La banque s'est associée à la Commission européenne et à la Banque européenne d'investissement dans le cadre de l'initiative Boost Africa. Boost Africa stimule l'entrepreneuriat et l'innovation en Afrique en fournissant des investissements en capital et des dons en assistance technique à des incubateurs, des accélérateurs et des fonds de capital-risque qui investissent dans des start-ups technologiques dirigées par des femmes et des jeunes.
Boost Africa a eu un impact significatif : des start-ups bénéficiaires, dont SendWave, se sont rapidement développées pour devenir des entreprises régionales et multinationales qui emploient des milliers de jeunes et de femmes africaines.
Les Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement se sont tenues à Charm el-Cheikh, en Égypte, du 22 au 26 mai.