Près de 884 000 électeurs sont appelés aux urnes en Guinée-Bissau pour élire 102 députés, un an après la dissolution parlementaire décidée par le président Emballo. Participation et stabilité politique sont les enjeux du scrutin.
Pour ce scrutin, 22 partis, dont deux coalitions sont en lice et se disputeront 102 sièges. Le Madem, le parti du président, souhaite faire adopter une révision de la Constitution, pour passer d'un régime parlementaire à un régime présidentiel. Mais pour cela, il lui faudra une majorité absolue d'au moins les deux tiers du Parlement. Les tractations pour des jeux d'alliances devraient donc se lancer dès l'annonce des résultats.
De son côté, le PAIGC, parti historique, qui a longtemps dominé la vie politique, tente de regagner du terrain. Avec à sa tête Domingo Simoes Pereira, qui vise le poste de Premier ministre. Le PAIGC devra aussi compter sur des ententes avec d'autres partis.
Quant au PRS, la formation de l'ex-président Kumba Yala, il « pourrait bien faire office de parti charnière », relève un observateur. En mars 2019, ce parti était la troisième force politique à l'Assemblée, avec 21 sièges. Derniers préparatifs
Les bureaux de vote ouvrent à 7h. Le scrutin s'achève à 17h, heure locale.
Résoudre les crises
Le renouvellement du Parlement intervient dans un contexte de crises récurrentes. Si le dernier coup d'État remonte à 2012, il faut noter que l'instabilité à la tête de l'État reste chronique : crise institutionnelle en août 2015, crise à nouveau l'année dernière lors de la tentative de coup d'État, puis dissolution du Parlement quelques mois plus tard par le président Umaro Cissoco Emballo en raison de « différends persistants et irréconciliables ». Tout l'enjeu de ce scrutin, c'est donc de restaurer la stabilité au sein des institutions.
Ce vote est important, car la Guinée-Bissau est régie par un régime semi-parlementaire : le parti ou la coalition qui remporte cette élection a non seulement du poids à l'Assemblée, mais aussi au sein du gouvernement.
200 citoyens en veilleurs du processus électoral
La campagne électorale s'est achevée hier soir dans une ambiance festive.
La Commission nationale des élections affirme que tout est fin prêt pour le scrutin de demain : le matériel électoral a pu être acheminé dans les quelques 3000 bureaux de vote répartis sur tout le territoire. Face à la presse et aux partis politiques, la CNE a insisté sur la procédure : cet organe est le seul habilité à compter et à afficher les résultats. Elle demande aux partis politiques de respecter cette règle. Et appelle les électeurs à voter correctement afin d'éviter d'avoir un nombre important de votes blancs ou nul.
En parallèle, près de 200 personnes de la société civile effectuent une veille de l'ensemble du processus électoral.
« Ces gens sont là pour voir si la personne est en train d'inciter à la violence, incitation à vote régional ou incitation à vote tribal, explique Sidi Mohamed Jaquité, vice-président de la société civile. Pour éviter un conflit, on fait de la sensibilisation dans les quartiers pour parler aux gens pour leur faire comprendre que, que je sois d'un parti et que vous soyez d'un autre, ne fait pas de nous de ennemis. Chacun a le doit de voter pour le parti qu'il veut. »
Plusieurs organisations internationales observeront aussi ce scrutin : la CPLP, l'Union africaine, la Cédéao, les États-Unis ou encore la Francophonie.