Le ministre burundais de l'Intérieur vient de suspendre de toute activité politique le principal parti d'opposition, le Congrès national pour la liberté (CNL) d'Agathon Rwasa. Il invoque des « irrégularités » qui auraient marqué ses deux congrès organisés en mars et avril dernier.
Il y a une dizaine de jours, le ministre de l'Intérieur Martin Niteretse annonçait au CNL qu'il avait retoqué les décisions prises lors des deux derniers congrès organisés en mars et en avril. Ces réunions avaient notamment permis à Agathon Rwasa d'évincer du bureau politique un groupe d'une dizaine de cadres qui contestent son leadership.
Fort de son devoir de veiller au respect par les partis politiques de leurs statuts, il avait alors exigé du leader de l'opposition burundaise de se « réunifier » avec les frondeurs évincés et d'organiser de nouveaux congrès de son parti, « respectueux de la loi » cette fois. Agathon Rwasa y avait opposé une fin de non-recevoir en invoquant « une grave violation de la constitution du Burundi » et de la loi sur les partis politique, qui interdit toute ingérence des pouvoirs publics dans les affaires internes des partis.
La réaction du ministre est tombée comme un couperet. Il a purement et simplement décidé de suspendre le CNL de toute activité depuis samedi dernier, tant que ses décisions ne sont pas mises en oeuvre et pour éviter, « toute confrontation entre vos membres ». Agathon Rwasa dénonce une décision « arbitraire », car il n'y a pas de tension ni de contestation au sein du CNL, et ces frondeurs ne représentent qu'eux-mêmes, selon lui. Il accuse le parti CNDD-FDD au pouvoir de chercher à déstabiliser et affaiblir le CNL, à deux ans des législatives de 2025.