Au Burundi, le principal parti d'opposition, le Congrès national pour la liberté (CNL) d'Agathon Rwasa, a été suspendu de toute activité politique. Le pouvoir exige une réunion du parti avec un groupe de huit cadres frondeurs, évincés récemment du bureau politique du parti. Agathon Rwasa affirme que c'est « une injustice ».
Le ministre burundais de l'Intérieur, Martin Niteretse balaie d'un revers de main les accusations d'ingérence. Il assure être dans son bon droit en décidant de suspendre les activités du principal parti d'opposition. Cela fait partie des prérogatives que me confère la loi, justifie Martin Niteretse : « Il est du devoir du ministère non seulement de faire garantir dans tous les partis politiques le respect des statuts et des règlements d'ordre intérieur que les mêmes partis politiques ont initié et adopté, mais surtout de maintenir l'ordre public lors des activités des mêmes partis. »
« Une injustice », selon le CNL
« Mauvais prétexte », a rétorqué Agathon Rwasa, le leader du CNL. Ce dernier rappelle qu'« il n'y a pas eu de tensions, pas de confrontations » dans son parti « depuis l'éviction des huit frondeurs du bureau politique, car ils n'ont pas de militants derrière eux », selon lui.
Quant au droit que s'arroge le ministre de veiller au respect des textes du CNL. « C'est une injustice », lance Agathon Rwasa : « Ce n'est pas au ministre de légitimer les décisions du parti. Si quelqu'un estime qu'il est lésé au sein du parti, soit vous saisissez la Cour suprême dans sa chambre administrative, soit vous réglez vos différends à l'amiable. Une gestion anarchique d'un État ne peut nullement présager quelque chose de bon. Le Burundi mérite mieux que ça. »
Au Burundi, les ministres de l'Intérieur ont toujours eu la haute main sur les partis politiques. En 2011, par exemple, Agathon Rwasa avait été évincé de la tête du parti issu de l'ex-rébellion du FNL au profit d'un proche du pouvoir.
Agathon Rwasa, leader du principal parti d'opposition, dénonce aussi les actes d'intolérance politique dont ses militants continue de faire l'objet, comme le confirme les ONG et l'ONU. Près de trois ans après l'accession au pouvoir de Evariste Ndayishimiye, l'espoir d'ouverture politique et de fin des violations des droits de l'homme s'est éteint, assure Agathon Rwasa. « On a démoli une permanence à Gitega, il y a à peine trois semaines, et deux permanences à Ruyigi [...]. La tension reste palpable. Des gens sont emprisonnés arbitrairement. Les cas de disparitions sont toujours monnaie courante. Il y a des cadavres que l'on ramasse ici et là. Les résultats sont là. S'il était ouvert, il ne règnerait pas seul. C'est un régime qui discrimine sur toute la ligne », pointe notamment le dirigeant du CNL.