Dakar — Le président de la République, Macky Sall, a demandé mercredi "l'ouverture d'enquêtes judiciaires immédiates et systématiques pour faire la lumière sur les responsabilités" liées aux manifestations qui ont secoué plusieurs villes du pays, en particulier les régions de Dakar et Ziguinchor à la suite de la condamnation, le 1er juin dernier, de l'opposant Ousmane Sonko pour corruption de la jeunesse, dans l'affaire dite Sweet Beauté.
"Devant la gravité sans commune mesure des faits, le Président de la république a réitéré sa détermination à protéger la Nation, l'Etat, la République, ses valeurs, et ses fondements. Il a cet effet ordonné l'ouverture d'enquêtes judiciaires immédiates et systématiques pour faire la lumière sur les responsabilités liées à ces évènements", rapporte le communiqué du conseil des ministres, qui s'est réuni mercredi.
L'opposant Ousmane Sonko, poursuivi en justice pour viol et menaces de mort sur la jeune dame Adji Sarr, a été condamné le 1er juin par la chambre criminelle du tribunal de Dakar à deux ans de prison ferme pour "corruption de la jeunesse". La juridiction lui a aussi infligé une amende de 600.000 francs CFA.
Dans la foulée de la condamnation de M. Sonko, de violentes manifestations ont éclaté à Ziguinchor (sud), ville dont il est le maire, à Dakar, et dans une moindre mesure dans d'autres villes du pays.
Les manifestants protestaient contre la menace d'inéligibilité que cette condamnation fait planer sur la tête du leader de Pastef-Les patriotes, candidat déclaré à l'élection présidentielle de 2024. Après la décision rendue par la chambre criminelle, Me Djiby Diagne, l'un de ses avocats, a déclaré que "la candidature d'Ousmane Sonko est hypothéquée".
Des édifices publics, des commerces et des banques ont été attaqués à l'occasion de ces manifestations qui ont causé la mort de seize personnes.
A l'entame de sa communication lors du conseil des ministres de ce mercredi, le Président de la République "s'est incliné devant la mémoire des personnes décédées lors des incidents graves notés ces derniers jours, plus particulièrement, dans les régions de Dakar et de Ziguinchor". "En cette circonstance douloureuse, le Conseil des ministres a observé une minute de silence à la mémoire des victimes des évènements", signale le communiqué ayant sanctionné la rencontre.
Il signale qu'il a "saisi l'occasion pour présenter ses condoléances attristées à la nation et aux familles des victimes et leur a assuré du soutien et de la présence de l'Etat à leurs côtés".
"Le Président de la République a aussi souhaité un prompt rétablissement aux blessés civils, policiers et gendarmes", informe le communiqué.
Il sgnale aussi qu'il a "saisi l'occasion pour saluer le professionnalisme remarquable et la posture républicaine efficace des forces de défense et de sécurité qui ont permis de maitriser, malgré tout, la violence sans précédent des attaques malveillantes, et d'arrêter les actes de vandalisme et de grand banditisme relevés".
Il a "condamné fermement ces agressions caractérisées extrêmement graves contre l'Etat, la République et ses institutions et contre la nation sénégalaise à travers des violences humaines, des actes de saccages contre des biens publics et privés et des cyber-attaques contre des sites stratégiques du Gouvernement et des services publics vitaux, dont l'objectif était sans aucun doute de semer la terreur et de mettre à l'arrêt notre pays".
Il a "rappelé au Gouvernement l'impérative nécessité de protéger notre République et de préserver notre nation face aux attaques qui sont devenues récurrentes et multiformes visant la paralysie de notre économie, la mise à mal de l'image de marque de référence de notre pays, le Sénégal, qui demeure, avant tout, une grande démocratie".
"Au regard de la situation, souligne le communiqué, le Président de la République a demandé au Gouvernement de préparer un Mémorandum complet sur les décès, actes de vandalisme et défiance vis-à-vis de l'Etat perpétrés à l'occasion de ces manifestations."
Il a aussi "invité le Gouvernement à faire un bilan exhaustif des pertes économiques et des dégâts matériels causés pour avoir une évaluation exacte des préjudices subis".
Il a "tenu particulièrement à rassurer nos compatriotes et les hôtes étrangers qui vivent parmi nous, sur les dispositions prises pour préserver la stabilité du pays et la sécurité des personnes et des biens".
Il a par ailleurs "demandé au Gouvernement de prendre toutes les dispositions nécessaires pour assister les familles des victimes, ainsi que les personnes et les entités ayant subies des préjudices".