Dakar — Le président de la République, Macky Sall, s'est incliné mercredi "devant la mémoire" des personnes décédées dans les manifestations survenues jeudi et vendredi dans plusieurs villes du pays après la condamnation à deux ans de prison ferme de l'opposant Ousmane Sonko pour "corruption de la jeunesse", a appris l'APS d'une source proche de la présidence sénégalaise.
"Je voudrais, à l'entame de ma communication, m'incliner devant la mémoire des personnes décédées lors des incidents graves notés ces derniers jours dans les régions de Dakar et de Ziguinchor. Je voudrais, à cette occasion, vous demander de vous lever pour observer une minute de silence et de prière. Je souhaite en même temps un prompt rétablissement aux blessés", a-t-il déclaré en ouvrant la réunion hebdomadaire du gouvernement.
L'opposant Ousmane Sonko, poursuivi en justice pour viol et menaces de mort sur la jeune dame Adji Sarr, a été condamné le 1er juin par la chambre criminelle du tribunal de Dakar à deux ans de prison ferme pour "corruption de la jeunesse". La juridiction lui a aussi infligé une amende de 600.000 francs CFA.
Ndèye Khady Ndiaye, la propriétaire du salon de massage où se seraient déroulés les faits jugés, a été condamnée à deux ans de prison ferme pour incitation à la débauche. La chambre criminelle a également condamné Mme Ndiaye à payer une amende de 600.000 francs CFA.
Ousmane Sonko et Ndèye Khady Ndiaye doivent payer solidairement 20 millions de francs CFA de dommages et intérêts à Adji Sarr, une ex-employée de Sweet Beauté, un salon de massage dakarois, selon la décision rendue par la juridiction.
Dans la foulée de la condamnation de M. Sonko, de violentes manifestations ont éclaté à Ziguinchor (sud), ville dont il est le maire, à Dakar, et dans une moindre mesure dans d'autres villes du pays.
Les manifestants protestaient contre la menace d'inéligibilité que cette condamnation fait planer sur la tête du leader de Pastef-Les patriotes, candidat déclaré à l'élection présidentielle de 2024. Après la décision rendue par la chambre criminelle, Me Djiby Diagne, l'un de ses avocats, a déclaré que "la candidature d'Ousmane Sonko est hypothéquée".
Samedi, le ministre de l'Intérieur, Antoine Diome, a déclaré que 15 personnes avaient été tuées au cours des violentes manifestations survenues entre jeudi et vendredi.
Dimanche, le ministère de l'Intérieur a annoncé un nouveau décès causé par les émeutes.
Antoine Diome a par ailleurs fait état d'une infiltration des manifestants à Dakar et dans d'autres régions.
La Police nationale a révélé que quelque 500 manifestants, dont des mineurs et des étrangers, ont été interpelés jeudi et vendredi dans plusieurs régions du pays, au cours des manifestations survenues après le verdict du procès Ousmane Sonko-Adji Sarr.
"Cinq cent personnes ont été appréhendées aux cours des manifestations. Parmi elles, il y a des mineurs et des étrangers. Ces individus étaient [...] armés et dangereux", a déclaré le commissaire divisionnaire Ibrahima Diop, directeur de la sécurité publique.