Angola: L'autonomisation des femmes grâce au miel

Les participants au projet apprennent à installer une ruche moderne à Bailundo, en Angola.

Un projet de la CNUCED utilise le pouvoir des abeilles pour aider les femmes à améliorer leurs moyens de subsistance tout en créant des opportunités durables dans les communautés rurales de ce pays d'Afrique australe.

Mavilde de Assunção Alves pratique l'apiculture depuis près de 15 ans. Chaque semaine, elle installe une table pour vendre son miel sur la route principale ou au marché local de Bailundo, une ville de la province centrale de Huambo, en Angola.

« J'ai beaucoup de clients », dit-elle en souriant, tout en admettant que le travail est difficile.

Comme la plupart des apiculteurs angolais, Mme Alves parcourt de longues distances pour s'occuper de ses ruches disséminées sur les collines de ses 45 hectares de terres agricoles, où elle cultive également du maïs, des haricots, des pommes de terre et d'autres denrées.

Chaque ruche, fabriquée en creusant des troncs d'arbre, produit de six à huit kilos de miel, qu'elle récolte en utilisant de la fumée pour calmer et distraire les abeilles pendant qu'elle recueille leur miel.

Une partie du miel est consommée par sa famille, et Mme Alves vend le reste pour aider à joindre les deux bouts dans l'une des provinces les plus pauvres du pays.

Au fil des ans, cette femme de 57 ans s'est efforcée d'entretenir les ruches, dont le nombre a diminué de 15 à 8. Travaillant sans équipement de protection, elle se fait souvent piquer et souffre aujourd'hui d'inflammations et de douleurs articulaires.

Mais elle est maintenant plus confiante en l'avenir après avoir participé à un atelier de formation organisé par la CNUCED et l'Universidade José Eduardo dos Santos.

Un secteur « vert » qui peut favoriser l'autonomisation des femmes

Mme Alves est parmi les sept femmes formées dans le cadre d'un projet de la CNUCED qui collabore avec le gouvernement angolais et des chercheurs, agriculteurs et entreprises du pays pour mieux exploiter le potentiel du miel.

Ce projet s'inscrit dans le cadre d'un programme financé par l'Union européenne visant à soutenir les efforts de l'Angola pour diversifier son économie, tributaire du pétrole. Selon des estimations récentes, le pétrole représente plus de 90 % des exportations du pays.

Une étude menée par la CNUCED et des partenaires nationaux a identifié le miel comme un produit « vert » qui pourrait contribuer à diversifier les exportations tout en minimisant leur impact sur l'environnement et en créant de nouvelles opportunités économiques dans les communautés rurales.

Alors que l'Angola ne produit qu'environ 90 tonnes de miel par an, les estimations de la CNUCED montrent que ce chiffre pourrait atteindre 200 tonnes si les méthodes de production étaient améliorées.

« L'Angola est un pays qui a un grand potentiel de production de miel de haute qualité », déclare Teresa Moreira, responsable de la division du commerce international de la CNUCED.

« Le pays possède une flore diversifiée, notamment plusieurs espèces de plantes à fleurs qui fournissent du nectar et du pollen en abondance aux abeilles. Et son climat chaud et humide est idéal pour l'apiculture ».

Mais pour réaliser son potentiel, le pays doit moderniser les techniques et l'équipement des apiculteurs comme Mme Alves, les aider à améliorer la qualité de leur miel afin qu'il réponde aux normes internationales, et leur donner un meilleur accès aux acheteurs et aux infrastructures de transformation et de transport de leurs produits.

En collaborant avec les différents acteurs du secteur du miel pour améliorer les méthodes de production, la CNUCED a mis l'accent sur la manière dont le projet peut renforcer l'autonomie des femmes.

« En Angola, l'apiculture est traditionnellement considérée comme une activité réservée aux hommes », explique Marisa Rodrigues, l'une des principales formatrices de la CNUCED pour le projet. « Former des femmes à l'apiculture permet d'améliorer leurs compétences tout en diversifiant et en renouvelant l'industrie ».

« L'apiculture peut donner aux femmes un sentiment d'autonomie et d'indépendance en leur permettant de jouer un rôle de premier plan au sein de leur communauté », ajoute Mme Rodrigues.

Augmenter leurs revenus tout en protégeant l'environnement

En apprenant à mieux s'occuper des abeilles, les agricultrices contribuent à protéger l'environnement et à renforcer la sécurité alimentaire. Selon l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, environ un tiers de la production alimentaire mondiale dépend de pollinisateurs tels que les abeilles.

Des abeilles en meilleure santé produisent un miel plus abondant et de meilleure qualité, ce qui augmenterait les revenus des apiculteurs et améliorerait les conditions de vie de leurs familles.

Une autre participante, Júlia Nangueve, explique que l'atelier de formation l'a aidée à voir comment quelques petites améliorations peuvent faire une grande différence.

« Nous avons appris à ne pas vendre notre miel dans la rue », dit-elle. « Il est préférable de le vendre à la ferme ou dans un endroit couvert afin qu'il ne se détériore pas. De plus, si l'on utilise de la fumée, il en reste l'odeur et le miel perd de sa valeur ».

Mme Alves reconnaît que l'atelier l'a aidée à mieux comprendre quand le miel peut être cultivé dans sa région. Auparavant, elle ne cultivait le miel qu'entre octobre et février, sans profiter de la deuxième saison de production, qui s'étend généralement d'avril à juin.

Bien que la saison secondaire soit généralement moins productive, elle peut néanmoins augmenter les revenus des apiculteurs de manière significative.

Outre les techniques modernes d'apiculture, la formation a également porté sur la conservation des forêts, le contrôle de la qualité du miel et d'autres opportunités dans le secteur, telles que la fabrication de cire d'abeille ou de combinaisons d'apiculteur.

Partager les connaissances

Mmes Alves et Nangueve sont présidente et vice-présidente de la coopérative agricole de Katiavala, qui compte 45 femmes et six hommes parmi ses membres.

Seuls quelques-uns des membres sont également apiculteurs, mais après l'atelier de formation, Mmes Alves et Nangueve se sont donné pour mission de persuader un plus grand nombre de personnes de se joindre à elles.

En tant que formatrices formées, elles pourront transmettre aux autres membres de la communauté leurs nouvelles connaissances et compétences dans le domaine de l'apiculture.

« Mon rêve c'est de diffuser les connaissances et d'augmenter la production de miel », déclare Mme Alves.

La CNUCED travaillera avec des partenaires nationaux pour produire un guide des meilleures pratiques basé sur les expériences des participants du projet.

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